Un jeune prêtre kenyan tué dans l’ouest du Cameroun
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Il est environ 15 heures à Kembong ce mercredi lorsqu’un véhicule de l’armée débarque à grande vitesse dans l’enceinte de la paroisse. À son bord, des soldats, qui commencent à tirer. Les réfugiés présents à l’extérieur courent s’abritent à l’intérieur de l’église. Mais pour le père Cosmas Omboto Ondari, qui était auprès d’eux, il est rapidement trop tard. Les balles l’ont atteint à la cuisse et au thorax.
Un étudiant congolais parvient lui aussi à trouver refuge avant que les militaires n’ouvrent le feu. En sortant quelques minutes plus tard, «il est choqué de trouver Cosmas dans une flaque de sang à la porte de l’église», lit-on sur le site de la société des missionnaires Saint Joseph de Mill Hill dont faisait partie le père Cosmas. Ce dernier est alors conduit «à l’hôpital de Mamfé où il est déclaré mort». L’évêque de Mamfé, Mgr Andrew Nkea, a pu se rendre auprès de la dépouille du prêtre arrivé dans son diocèse en 2017, peu après son ordination.
Un prêtre heureux
Le père Cosmas Omboto Ondari avait 33 ans, comme l’apprend la circulaire publiée peu après sa mort : né le 19 septembre 1985 au Kenya, il commence en Ouganda sa formation au sein de la société de prêtres missionnaires, avant de la poursuivre au Kenya. Il prononce ses vœux perpétuels en mai 2016, puis devient prêtre le 25 mars 2017.
Le jour de sa profession perpétuelle, un des prêtres écrit au sujet du jeune Cosmas : «C’est un homme de paix et il cherchera toujours des manières de garder les gens unis et de résoudre les problèmes à l’amiable». Tous ceux qui l’avaient côtoyé en paroisse ces derniers temps confirment ce bon caractère. Sa mission de vicaire le rendait heureux, et son curé «le trouvait d’un grand soutien». Même si récemment, le père Cosmas avait confié «qu’il trouvait la situation au Cameroun assez inquiétante».
Une crise qui persiste
Depuis plus de deux ans, le climat sécuritaire des régions anglophones du Cameroun se dégrade. La crise sécessionniste a démarré en 2016 par des revendications d’avocats et d’enseignants anglophones débouchant sur des grèves. Mais la situation dégénère en affrontements meurtriers entre les forces de sécurité camerounaises et les partisans d’une sécession des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Plus de 200 militaires auraient perdu la vie ainsi que 500 civils, dont au moins quatre hommes d’Église. Par ailleurs, d'après l'agence Fides, plus de 437 000 habitants de ces régions camerounaises ont été forcés à les quitter.
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