Le soutien du nonce en Jordanie et en Irak aux chrétiens d’Orient
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Au début de son intervention, Mgr Ortega s’est réjoui que l’Assemblée des patriarches catholiques d’Orient puisse se tenir à Bagdad, la capitale irakienne : «un signal positif que la situation, du point de vue sécuritaire, s’est améliorée» dans le pays, lequel «n’a pas perdu l’espérance». L’espérance, une vertu souvent évoquée par le nonce apostolique, qui a encouragé les patriarches catholiques d’Orient à la transmettre à tous leurs fidèles.
Une foi vive et une présence indispensable
Mais ce sont d’abord les chrétiens eux-mêmes qui ont été évoqués avec sollicitude par Mgr Ortega. «Personnellement, je suis touché par la foi des chrétiens irakiens, qui est un don pour l’Église. Mais nous pouvons dire la même chose des chrétiens de vos pays», a-t-il déclaré. «Je remercie Dieu avec vous pour la foi de tant de chrétiens du Moyen-Orient qui donnent un beau témoignage», a-t-il continué, après avoir également évoqué «le témoignage de tant de martyrs et de confesseurs de la foi» qui «est un trésor pour toute l’Église».
Le nonce apostolique a fortement insisté sur «l’importance de la présence des chrétiens en Irak et au Moyen-Orient, non seulement pour le bien de l’Église, mais pour celui de la société entière, dans la mesure où les chrétiens sont artisans de paix, de réconciliation et de développement, et qu’ils réalisent tant de bonnes œuvres». Il est donc essentiel que les patriarches continuent «à encourager les chrétiens à rester dans leur pays», a estimé Mgr Ortega. En Orient, les chrétiens «sont la présence du Christ, ils sont une bénédiction pour tous» : voilà une véritable mission. En être conscient constitue une «motivation fondamentale» pour demeurer sur place.
L’émigration et ses conséquences
Toutefois beaucoup de chrétiens choisissent d’émigrer : un constat fait «avec douleur» par Mgr Ortega. «Cette diminution dramatique du nombre de chrétiens ces dernières années est une perte grave, non seulement pour l’Église mais pour toute la société», a-t-il déploré, conscient que le choix du départ relève souvent du dilemme. «Cette situation continue de représenter un grand défi», a-t-il reconnu. Mais ce temps de souffrance «est appelé à donner des fruits de bien et de salut, comme cela s’est passé avec la croix du Christ», a affirmé le nonce.
Et en effet, les premiers fruits sont apparus. Mgr Ortega a fait remarquer que «la foi de beaucoup de chrétiens en Occident» s’est réveillée face au témoignage de leurs frères d’Orient. Une foi vécue «plus intensément, avec plus de radicalité». Il s’est aussi réjoui de la «belle solidarité» dans l’Église universelle, manifestée par l’aide matérielle et spirituelle et notamment par l’action des volontaires. «Ceux qui sont partis ont contribué de façon significative à la vie de l’Église là où ils sont partis», a par ailleurs souligné le nonce.
Le dialogue avec les musulmans
Mgr Ortega a ensuite formulé des recommandations, invitant les responsables ecclésiaux à «dialoguer avec les autorités civiles, afin que les chrétiens puissent rester dans leur pays». Certains soutiennent «une séparation saine entre religion et État, ce qui représenterait un beau changement dans nos sociétés», a-t-il estimé. Le prélat a encouragé le dialogue œcuménique et inter-religieux, en particulier avec les musulmans. D’après lui, «les musulmans doivent aujourd’hui faire face à beaucoup de défis, surtout parce que certains de leurs représentants ont offert au monde une image injuste, parfois intransigeante et violente de l’Islam». «Il est clair qu’un changement de la mentalité des musulmans doit venir d’eux-mêmes, mais nous pouvons les encourager et les accompagner, surtout par notre témoignage», a précisé Mgr Ortega.
L’affection et la prière du Pape
Faisant référence aux conflits encore nombreux au Moyen-Orient, le nonce apostolique a regretté que la situation «n’ait pas encore trouvé une réponse adéquate de la part de la communauté internationale qui semble se laisser guider par des intérêts différents» du bien individuel et commun.
Il a enfin redit la proximité du Pape François et du Saint-Siège. Le Saint-Père qui «prie tous les jours pour les chrétiens du Moyen-Orient » et garde dans son cœur «une place très spéciale» pour les Églises et les pays de cette région du monde.
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