L'Eglise célèbre la solennité du Christ Roi de l'Univers
Manuella Affejee- Cité du Vatican
C’est par la lettre encyclique Quas primas, publiée en 1925, que le Pape Pie XI institue la solennité du Christ Roi de l’Univers. Le Souverain Pontife, préoccupé par les évolutions d’un monde portant encore les profondes meurtrissures de la guerre, la conçoit alors comme une réponse face à l’athéisme et au laïcisme triomphants, «une protestation contre la perte du pouvoir de l’Église sur la société» (Frère Patrick Prétot, théologien et professeur à l’Institut supérieur de liturgie de l'Institut catholique de Paris).
Réinterprétation théologique de Vatican II
Le contexte évoluant, le Concile Vatican II proposera une réinterprétation théologique de cette fête, non plus à l’aune d’une situation socio-politique précise, mais fera valoir sa dimension éminemment eschatologique. Initialement fêtée le dernier dimanche d’octobre, elle sera déplacée à la fin du mois de novembre, au terme de l’année liturgique dont elle constitue, en quelque sorte, le couronnement. Elle appelle ainsi le fidèle à tourner son regard vers l’avenir, «vers la destination finale de l’histoire qui sera le règne définitif et éternel du Christ» (Benoît XVI- homélie du 25 novembre 2012), le juge des vivants et des morts.
Les textes proposés par la liturgie, -selon les années A, B ou C,-, nous parlent de ce règne éternel et de ce qu’il suppose. L’Évangile de ce dimanche, en Saint Jean (18. 33b-37), est particulièrement évocateur. Il ne donne pas à voir un roi tout en force et en majesté, mais nous présente Jésus au cœur de sa Passion, enchainé, humilié.
La royauté selon Jésus: l'amour et le service
Narrant l’interrogatoire de Jésus par Ponce Pilate, cet Évangile met face-à-face deux conceptions du pouvoir et de la royauté, celle des hommes et celle de Dieu. Devant un procurateur romain intrigué, Jésus proclame sa messianité et précise la nature de son règne «qui n’est pas un pouvoir mondain, mais un amour qui sert», et qui ne doit absolument «pas être confondu avec un règne politique quelconque».(Benoît XVI- homélie du 25 novembre 2012)
Des quatre évangélistes, saint Jean est celui qui aura le mieux compris l’essence de cette royauté fondée sur l’amour et non sur la domination. Il nous présente la Passion du Christ comme une marche triomphale et la Croix, comme le trône de gloire de l’Agneau immolé. «C’est là que l’on découvre le sens et le visage de notre roi», affirme le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé, à nos confrères de la rédaction italienne. Il ne s’agit pas ici «de richesses», de «pouvoir», de «privilèges», mais de reconnaitre la force «de l’amour qui se donne, qui se sacrifie». En contemplant le visage du Crucifié, ajoute-t-il, «nous découvrons le sens et la profondeur de l’amour».
Laissons la conclusion au frère Patrick Prétot : «En définitive, le triomphe de la croix célébré dans la liturgie, n’est pas à la manière du monde, et il ne peut être seulement compris comme la revanche des oubliés de l’histoire. Mais dans la foi, il est la confession de la victoire eschatologique du Christ sur les forces de la mort (…). C’est le Peuple de Dieu tout entier qui est ainsi configuré au Christ-Roi pour faire du monde, la cité de justice et de paix que tout pouvoir est appelé à édifier. Contre toute idéologisation de la foi, la dimension sociale de la religion chrétienne n’est donc pas oubliée, mais elle est replacée à l’intérieur de l’histoire de la Révélation, à la lumière du mystère pascal du Christ, lui qui, à la fin des temps, remettra au Père toutes choses».
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