Messe de minuit à Bethléem: «Jésus vient habiter notre ville»
Ils sont venus du monde entier à la basilique de la Nativité à Bethléem; l'édifice sort de 5 années de travaux et offre désormais le spectacle de ses splendides mosaïques datant de l’époque des Croisades à peine restaurées. La messe a été célébrée en l'église latine Sainte Catherine par l'administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa. Comme chaque année, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas était présent, accompagné d’autres responsables palestiniens.
Bethléem, «ce n’est pas seulement une indication historique et géographique, mais un choix divin. Naître ici, en ce lieu déterminé, dans une ville de cette terre, est ce que Dieu a toujours voulu car Il aime les villes des hommes» a d'abord affirmé Mgr Pizzaballa dans son homélie. Car si les Ecritures commencent dans un jardin, «elles se terminent en revanche dans une ville, la Jérusalem céleste.». Ainsi, la vie du Christ sera un chemin continu entre villes et villages, comme Bethléem évidemment, mais aussi Nazareth, Cana, Capharnaüm, Jérusalem, Ephèse, Antioche ou Rome. «Un chemin gardé et animé par sa Présence: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde" (Mt 28,20).» a continué Mgr Pizzaballa, avant de revenir sur la Parole de Dieu qui cherche et désire une route, une maison, une ville «pour l’habiter et la transformer». «Celui qui veut enfermer l’Evangile ou la présence des chrétiens à l’intérieur de frontières privées ou dans un cadre intimiste, n’a pas compris le désir de Dieu. L’Incarnation du Fils de Dieu est un ferment, un levain destiné à faire grandir et prendre toute la pâte, c’est-à-dire l’entière réalité de l’homme, cosmos et histoire, vie et ville.»
Transformer son habitation en lieu de communion
La naissance de Jésus-Christ à Bethléem est donc un pas de Dieu vers notre terre et vers nos villes, une invitation à nous rendre à Bethléem, «et à partir de là, jusqu’aux confins de la terre».«La naissance du Seigneur dans nos villes veut faire naître en nous une sorte de “passion politique”», il ne s’agit pas seulement d’occuper une terre mais de la transformer en lieu de communion, de paix, de relation et de partage. «L’habitation du Christ parmi nous fut, avant tout, un acte d’amour. Il a partagé notre vie en toute chose, excepté le péché (Cf. He 4,15). "Là où il passait, il faisait le bien et guérissait" (Ac 10,38). Il est entré dans nos maisons, il a mangé à notre table, il a bu notre vin, il a marché le long de nos routes, il a joué avec nos enfants, il s’est réjoui de nos fêtes et il a pleuré pour nos morts» a continué Mgr Pizzaballa. Jésus-Christ n’a pas choisi la séparation et la distance.
Dans une église bondée de pèlerins, -un nombre en hausse cette année-, l’administrateur apostolique a dit être disposé à tout effort et à toute initiative pour rendre les villes ouvertes et hospitalières, «des lieux où chacun puisse trouver une maison et un travail, une vie digne et bonne.». «Nous demandons à l’Enfant de Bethléem et à ses parents, qui vinrent ici en recherche d’un logement, de nous aider à rester dans la ville; nous demandons de l’aide pour continuer à être, comme eux, présence de paix sur cette terre. Car nos villes seraient plus pauvres sans chrétiens, et nos chrétiens risqueraient de s’égarer sans leurs villes.», a plaidé l'archevêque italien, se référant implicitement à la situation actuelle de Bethléem, cernée par le mur de séparation israélien, et dont les chrétiens sont tentés par l'émigration.
Transformer notre manière de vivre ensemble
«Les villes des hommes peuvent facilement se transformer en champs de bataille, en lieu de confrontation et d’oppression, d’injustice et de violence.» a expliqué Mgr Pizzaballa, alors que la vie et la voix du Seigneur nous demandent et nous offrent une possibilité de transformation, qui passe par la voie du service humble et concret, afin que l'Évangile continue à entrer dans nos maisons. et à transformer notre manière de vivre ensemble. «Nous voudrions ne plus avoir à pleurer pour le refus, pour l’extrême pauvreté et pour les nombreuses souffrances qui affligent notre peuple. Nous voudrions que, grace à la bonne volonté de tous, Dieu puisse continuer à habiter dans nos villes.» Ainsi, au-delà de la précieuse mémoire conservée dans les pierres des villes, il faut espérer que ces villes soient saintes en raison de la vie qu’on y rencontre, «Notre célébration de Noël n’est pas une simple commémoration, mais l’annonce efficace que ce qui a germé lors de la naissance du Christ, trouvera son plein accomplissement lorsqu’Il reviendra.»
Dans l’attente de sa venue, construisons des villes qui ne soient pas l’expression de pouvoir ou de revendications mais des maisons de prière et de rencontre pour tous les peuples, a conclu Mgr Pizzaballa.
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