Détente sur la péninsule coréenne: le bilan du père Blot
Marine Henriot - Cité du Vatican
C’est une actualité qui a marqué 2018: le rapprochement intercoréen. Le 27 avril, la rencontre était historique entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in au sud de la DMZ, la frontière la plus militarisée au monde. L’image fut forte, les deux hommes se sont longuement serrés la main sous les crépitements des appareils photo. Kim Jong-Un est ainsi devenu le premier leader nord-coréen à fouler le sud depuis 65 ans. «C’est un énorme pas, cela faisait tellement longtemps qu’il y avait des menaces, la menace de guerre a disparu et fait place à l’accalmie», témoigne le père Philippe Blot, prêtre des Missions Étrangères de Paris, en Corée du Sud depuis 1990.
Depuis, les signes de détente se sont multipliés. En novembre, une vingtaine de postes frontières ont été désarmés. «Des deux côtés des efforts sont faits pour que les relations se multiplient», explique le père Blot. Ce mercredi 26 décembre, une délégation sud-coréenne est passée en Corée du Nord pour une cérémonie symbolique d'inauguration des travaux de connexion des réseaux ferroviaires et routiers de la péninsule divisée. Malgré l’atmosphère de fête, Séoul a pris soin de souligner que cette cérémonie ne marquerait pas le début des travaux de reconnexion et de modernisation des réseaux proprement dits.
Une dénucléarisation au point mort
La détente spectaculaire sur la péninsule avait permis un sommet, lui aussi historique. entre le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump en juin à Singapour. Les deux hommes s’étaient alors engagés sur la «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne», une formule sujette à diverses interprétations. Depuis, les deux pays sont en désaccord sur sa signification et les mesures concrètes tardent à arriver. Washington exige la dénucléarisation «définitive et totalement vérifiée» du Nord avant toute levée des sanctions, tandis que Pyongyang a condamné les «méthodes de gangster» des Américains accusés d'exiger son désarmement unilatéral sans faire de concession.
Par ailleurs, insiste le père Blot, qui vient en aide aux réfugiés nord-coréens, «il reste encore des problèmes importants en Corée du Nord sur le plan des droits de l’Homme».
L’Eglise proactive dans le dialogue entre les deux Corée
Le 18 octobre 2018, le président sud-coréen rencontrait le Pape, le cardinal-Secrétaire d’État, Pietro Parolin, ainsi que le secrétaire des Relations avec les États, Mgr Paul Richard Gallagher, au Vatican. Un entretien actant de «bonne relations bilatérales», selon la salle de presse du Saint-Siège. Moon Jae-in avait alors transmis au Saint-Père une invitation de Kim Jong-un en Corée du Nord.
Le Pape François, qui s’était rendu en Corée du Sud en 2014 tandis que les relations entre Séoul et Pyongyang semblaient au point mort, soutient explicitement les efforts diplomatiques des deux Corée.
Il reste encore beaucoup à faire pour réunir les deux Corée, encore officiellement en guerre… Le père Philippe Blot revient sur cette année de détente dans la péninsule.
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