Centrafrique: les évêques demandent la coopération des États africains
Adélaïde Patrignani (avec Fides) – Cité du Vatican
«Nous rendons hommage aux contingents de la MINUSCA qui brillent par leur professionnalisme dans la protection des populations civiles» écrivent les membres de la Conférence de Centrafrique (CECA) dans un message à l’agence Fides. «Toutefois, nous déplorons la duplicité de certains contingents qui laissent pourrir la situation sous leurs yeux comme s’ils en tiraient profit […]. Une telle attitude ne fait qu’envenimer la situation critique du pays», dénoncent-ils.
Un pays ravagé par des groupes armés
Les évêques, réunis en assemblée plénière du 8 au 14 janvier dernier, dressent un sombre état des lieux. «Triste est de constater, écrivent-ils, dans un tour d’horizon de la situation sociopolitique en RCA, qu’en dehors de la capitale et quelques villes, l’État n’est pas présent ou l’est seulement formellement». De vastes zones de la République centrafricaine se trouvent actuellement entre les mains de groupes armés qui «se livrent aux actes répétitifs de violences inhumaines et de violations graves des droits humains: rackets, entraves à la libre circulation des biens et des personnes, taxes de différents types, impôts de capitation, incendie de sites des déplacés, arrestations arbitraires, séquestration, tortures, exécutions sommaires».
Stopper l’entrée des mercenaires
À cela s’ajoute «la porosité [des] frontières qui fait de la transhumance un facteur supplémentaire d’instabilité dans les zones sous contrôle des groupes armés». L’arrivée de bergers venant de l’autre côté de la frontière crée en effet des conflits avec les agriculteurs. La porosité des frontières facilite également le trafic d’armes et l’arrivée de mercenaires, en particulier du Tchad, du Soudan, du Cameroun, du Niger et de l’Ouganda. «Nous exhortons les gouvernements de ces pays à faire preuve d’humanité en aidant la RCA à sortir de sa situation anarchique pour le bien de tous et de la sous-région. En effet, un pays déstabilisé devient un problème international», s’alarment les évêques.
Libérer l’homme du péché
Ces derniers veulent aussi porter une parole d’espoir et d’encouragement aux fidèles du pays. «Le Christ est venu libérer l’homme non seulement de ses péchés, mais aussi des conséquences du péché qui l’écrasent», assurent-ils. «Les conséquences du péché sont nombreuses dans nos maisons, nos rues, notre pays. Elles s’appellent agressivité, indifférence, pillage, marginalisation, escroquerie, assassinat, avortement, désordre sexuel, rackets, justice populaire, corruption, soif du pouvoir… En tant que chrétiens, le Christ nous exhorte à participer à sa mission de libération totale de l’homme en commençant par les plus pauvres, les plus abandonnés», concluent les évêques.
Le père Federico Trinchero, carme déchaux de la province de Gênes, est en mission en Centrafrique depuis 2009. Depuis 2013, il est présent au couvent Notre-Dame du Mont-Carmel à Bangui. Lui aussi constate l'emprise croissante des mercenaires; il remarque par ailleurs la vitalité et la force des membres de l'Église du pays, malgré les violences dont elle est la cible.
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