Huit ans après la chute de Ben Ali, l’archevêque de Tunis appelle à l’aide
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Ce lundi est férié en Tunisie en mémoire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011. L’écroulement du régime fut rapide. Le leader s’exila en Arabie Saoudite un mois après l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, un marchand ambulant, pour protester contre les conditions économiques de son pays. Cet acte radical embrasa le pays. S’en suivirent des émeutes violemment réprimées –on parle de 340 morts et de 2000 blessés- puis une contestation populaire, la «révolution de Jasmin» qui inspira le «printemps arabe» au Moyen-Orient.
La révolution tunisienne souleva d’immenses espoirs, et les avancées démocratiques incontestables: des élections libres furent organisées, une nouvelle Constitution adoptée, les femmes devinrent égales aux hommes devant la loi concernant les questions d’héritage ou de divorce. Une femme est aujourd’hui maire de la capitale.
Mais la liberté d’expression également acquise permet à tous de prendre la mesure des difficultés économiques persistantes dans le pays. La reprise de la croissance ne bénéficie pas aux habitants des périphéries. L’inflation est de 8%. Le taux de chômage dans le sud atteint les 30%, près du double du taux national.
L'errance subie des jeunes tunisiens
«Depuis la révolution, on a la liberté mais pas la dignité», confie à l’AFP un jeune informaticien privé d’emploi.
L’archevêque de Tunis depuis 6 ans, Mgr Ilario Antoniazzi, lance un appel à l’aide pour que l’Europe notamment ne les abandonne pas. Il souhaite la reprise du tourisme et des investissements étrangers. «Cela me fait peur de voir tous ces jeunes, pleins de vie, avec l’envie de travailler, mais contraints de passer leur journée au café dans ma rue parce qu’ils sont privés de travail » confie-t-il à nos confrères italiens.
Il s’alarme aussi de ce qui pourrait advenir alors que le 17 janvier prochain une grève générale est annoncée et que le 24 décembre dernier un jeune journaliste s’est à son tour immolé en signe de protestation. Des heurts nocturnes entre la police et des manifestants avaient suivi son geste. Le 4 janvier dernier, la présidence tunisienne a prolongé l’état d’urgence, en vigueur dans le pays depuis une série d’attentats djihadistes sanglants en 2015. Des élections présidentielles et législatives sont prévues en 2019.
Mgr Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis depuis 6 ans, est interrogé par Amedeo Lomonaco.
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