La communauté Saint-Jean réaffirme son engagement contre les abus
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Le Pape Benoît XVI a eu le courage de dissoudre une congrégation féminine qui avait un certain niveau de problème parce que cet esclavage des femmes s’était installé, esclavage des femmes de la part des clercs et du fondateur. Parfois le fondateur prend la liberté, vide cette liberté à des sœurs et peut alors se produire ce genre de choses». Voilà ce que déclarait le Pape François mardi dernier devant les journalistes, au retour de son voyage apostolique aux Émirats Arabes Unis.
Saluant le travail de son prédécesseur Benoît XVI, le Souverain Pontife ajoutait: «Prions pour que nous puissions encore aller de l’avant [sur ce dossier], moi, je veux avancer. Nous sommes au travail !». Au lendemain de cette conférence de presse du Pape François, le directeur ad interim de la Salle de presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, précisait: «Quand le Saint-Père, se référant à la dissolution d’une congrégation, a parlé d’ ‘esclavage sexuel’, il entendait ‘manipulation’, une forme d’abus de pouvoir qui se traduit aussi par un abus sexuel».
Un institut issu de la branche contemplative de la Communauté Saint-Jean
Dans une lettre commune datée du 7 février, les responsables des trois branches de la Communauté - frères, sœurs contemplatives et sœurs apostoliques - précisent que la communauté dissoute par Benoît XVI en janvier 2013 est l’Institut des sœurs de Saint Jean et Saint Dominique, opposées aux décisions de l’Église et qui avaient quitté la communauté des sœurs contemplatives l’année précédente.
Ils condamnent les situations d’abus, font le point sur «les nombreuses actions» menées depuis plusieurs années, et réaffirment «leur engagement, en communion avec le Pape François, dans la lutte contre les abus». Ils expriment aussi, et en premier lieu, «leur profonde compassion en particulier à ces femmes qui offrant généreusement leur vie à Dieu, se sont retrouvées victimes».
Condamnation des abus et décisions du Saint-Siège
Les responsables actuels de la Communauté Saint-Jean rappellent que «dès 2013, le prieur général des Frères de Saint-Jean avait révélé de sa propre initiative que leur fondateur, le père Marie-Dominique Philippe, avait “posé des gestes contraires à la chasteté à l’égard de plusieurs femmes adultes qu’il accompagnait”». «La Famille Saint-Jean condamne les abus sexuels et les abus de pouvoir de leur fondateur dont les témoignages convergents ont fait état», assurent-ils, précisant que «parmi ces femmes victimes de ces abus, se trouvaient des sœurs».
«Les 80 sœurs contemplatives qui composent actuellement la communauté des Sœurs de Saint Jean ont toujours fait le choix de coopérer avec les décisions des autorités de l’Église prises en 2009 et de mettre en œuvre les réformes demandées à l’époque qui portaient sur des questions de gouvernance et d’emprise», peut-on lire dans la lettre.
«Les sœurs de Saint-Jean n’ont jamais été dissoutes». Suivent des précisions sur la famille concernée par la dissolution. «Les sœurs qui n’étaient pas d’accord sont sorties de la communauté des sœurs contemplatives de Saint-Jean et ont fondé en 2014 une nouvelle communauté en Espagne, du nom de ‘Maria Stella Matutina’, après qu’une première tentative sous le nom de ‘Saint Jean et Saint Dominique’ ait été dissoute par le Pape Benoît XVI en 2013», expliquent les trois prieurs. «En 2014 le Pape François a exclu définitivement de la vie religieuse 4 anciennes responsables qui s’étaient opposées aux décisions des autorités de l’Église et avaient promu la scission», poursuivent-ils.
Actions mises en œuvre au sein de la Communauté
Les signataires de la lettre expliquent également que des «témoignages concernant des sœurs ou d’anciennes sœurs font aussi état d’abus commis dans le passé par des frères». «Des sanctions ont déjà été prononcées et des cas sont en cours de traitement. Les autorités des Frères de Saint-Jean sont déterminées à ce que tout cas d’abus soient traités en conformité avec les directives de l’Église Catholique et les lois civiles», affirment-ils, avant de détailler le travail déjà mené en matière de lutte contre les abus.
«Depuis plusieurs années, les Frères ont notamment mené de nombreuses actions pour prévenir et gérer les situations d’abus : amélioration du discernement à la vocation, formation des frères à la maturité affective, à la gestion des cas de pédophilie et d’abus sexuels, mise en place de procédures (validées par le Vatican) impliquant notamment une remontée d’information vers les autorités judiciaires, création d’une commission – comportant des laïcs – chargée d’examiner tout témoignage, aveu ou plainte d’un comportement d’abus».
Un chemin de vérité à poursuivre
Enfin, les responsables de la Communauté Saint-Jean redisent leur volonté de continuer ce travail, dans un esprit de coopération avec le Saint-Siège. «Depuis plusieurs années, tant les sœurs que les frères sont engagés dans un travail de reconstruction et de rectification de ce qui devait être corrigé, en totale collaboration avec Rome et avec l’aide d’intervenants extérieurs», peut-on lire. La Famille Saint-Jean «porte un regard d’espérance sur le travail de vérité qui se fait dans l’Église et met tout en œuvre pour que ses lieux de vie consacrée soient une maison sûre pour tous», conclut la lettre.
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