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Le Serviteur de Dieu, le père Pedro Arrupe Le Serviteur de Dieu, le père Pedro Arrupe

Ouverture de la phase diocésaine du procès en béatification du père Arrupe

La phase diocésaine du procès en béatification du père Pedro Arrupe (1907-1991) a été ouverte ce mardi à Rome au cours d’une célébration en la Basilique Saint Jean-de-Latran.

Au cours de cette célébration, le cardinal Angelo de Donatis, vicaire pour le diocèse de Rome, a parcouru brièvement les principales étapes de la vie de celui qui fut durant près de 30 ans le Supérieur général des jésuites, soulignant la «profondeur et la grandeur spirituelle» de cet homme ancré en Jésus, et «ouvert à sa volonté». Ce véritable «homme de Dieu» a su «écouter, respecter, soigner les autres, en donnant confiance à chacun», soucieux de transmettre le principe qu’il s’appliquait d’abord à lui-même: être «des hommes et des femmes pour les autres». Simple et pauvre dans sa vie quotidienne, particulièrement sensible aux situations sociales dramatiques et aux pauvres, il a toujours encouragé l’établissement d’un contact personnel et continu avec eux, favorisant la promotion d’activités pastorales et éducatives à leur encontre.

Homme du dialogue oecuménique et interreligieux

Le père Arrupe a également été «un homme d’Église», démontrant à plusieurs reprises sa fidélité et son obéissance au Saint-Siège et au Souverain Pontife (St Paul VI, Jean-Paul Ier, St Jean-Paul II), cherchant «à guider avec enthousiasme la Compagnie selon les orientations du Concile Vatican II». Et le cardinal de Donatis de citer le père Peter-Hans Kolvenbach, son successeur à la tête des jésuites, qui parlait de lui comme d’un «prophète du renouveau conciliaire».

Le père Arrupe a su guider la Compagnie de Jésus et ses collaborateurs dans la défense de la foi, «contre l’athéisme et l’incroyance», a encore relevé le vicaire pour le diocèse de Rome, mentionnant de surcroît l'engagement du jésuite espagnol en faveur du dialogue œcuménique et interreligieux, tangible au travers des amitiés qu’il noua avec la Communauté de Taizé (France) et celle de Sant’Egido (Italie).

«La réputation de sainteté, dont jouissait déjà au cours de sa vie le serviteur de Dieu, s’est diffusée et continue à se répandre chaque jour depuis sa mort», non seulement en Italie, mais dans d’autres pays du monde, a affirmé le cardinal de Donatis. Ses nombreux écrits spirituels nourrissent encore aujourd'hui la spiritualité jésuite; «sa figure continue d’être admirée et vénérée et nombreux sont ceux qui se confient à son intercession», a enfin conclu le prélat, citant en exemple les centaines de communautés, maisons, œuvres apostoliques à travers le monde ayant choisi de porter son nom: «tous témoignent de la reconnaissance des vertus remarquables de ce chrétien extraordinaire».

Un homme au cœur des fractures de l’Histoire

Le père Pedro Arrupe (1907-1991) fut le préposé général de la Compagnie de Jésus de 1965 à 1981. Après une longue expérience missionnaire au Japon, durant laquelle il fut notamment le témoin du bombardement atomique de Hiroshima en 1945, ce Basque a incarné après son élection en 1965 la réforme post-conciliaire de la Compagnie de Jésus, la faisant sortir d’un cadre souvent perçu comme élitiste pour aller vers un engagement plus social, au service des pauvres, et notamment des migrants. C’est sous son généralat que fut notamment créé le JRS, le Service Jésuite des Réfugiés, un réseau très étendu aujourd’hui et très actif dans le contexte de la crise migratoire et de l’invitation du Saint-Père à ce que les structures de l’Église catholique soient en pointe dans l’accueil, la promotion et l’intégration des migrants et réfugiés.

Si ses initiatives prennent aujourd’hui un relief prophétique, elles n’allèrent pas sans susciter quelques frictions et inquiétudes, dans une période mouvementée de l’histoire de l’Église, et marquée par une diminution sensible du nombre de jésuites en Europe notamment. Victime d’un accident vasculaire cérébral en 1981, le père Arrupe fut amené à se retirer progressivement du gouvernement de la Compagnie, tout en manifestant sa loyauté vis-à-vis du Pape Jean-Paul II avec qui les relations avaient parfois été difficiles. Le Pape François a quant à lui plusieurs fois rendu hommage au père Arrupe, qui était préposé général quand le père Bergoglio était provincial des Jésuites d’Argentine.

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05 février 2019, 17:46