Le père Paolo Dall'Oglio pourrait être vivant
Roberto Piermarini et Manuella Affejee - Cité du Vatican
«Je peux dire que nous continuons à prier pour que le père Paolo soit en vie»: c’est ce qu’a répondu ce jeudi matin Alessandro Gisotti, interrogé par un journaliste sur ces nouvelles révélations lors d’une conférence de presse consacrée à la prochaine Journée de prière contre la traite. Le directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège en a profité pour rappeler la proximité du Pape avec les proches du jésuite italien, -enlevé à Raqqa (Syrie) en juillet 2013-, notamment lors d’une entrevue survenue au Vatican il y a quelques jours, témoignant de la joie et de l’émotion de toute la famille Dall’Oglio. «La mère du père Paolo était émue et reconnaissante au Saint-Père pour cette rencontre. Je m’associe aux paroles d’espérance exprimées ce matin par le nonce en Syrie, le cardinal Zenari, avec qui j’ai parlé juste avant de me trouver ici avec vous», a encore déclaré Gisotti.
De multiples rumeurs
Acculé dans ses dernières poches de territoire, le groupe terroriste serait en train de parlementer avec les troupes kurdo-syriennes qui l’encerclent, afin d’obtenir un passage sûr vers des zones épargnées par les combats. Et pour négocier, Daech compterait sur une conséquente monnaie d’échange: trois otages qu’il détiendrait toujours. Selon le journal londonien, il s’agirait du journaliste John Cantlie, d’une infirmière néo-zélandaise de la Croix-Rouge et du prêtre italien. L’enlèvement du père Paolo n’a jamais été revendiqué; de multiples rumeurs ont fait état de sa détention dans les geôles de Daech et même de sa mort, mais en réalité aucune d’entre elles n’a été confirmée. De nombreuses voix, dont celle du Pape François, se sont élevées ces cinq dernières années pour demander sa libération.
Un ardent apôtre du dialogue interreligieux
Romain de naissance, le père Dall’Oglio a passé plus de la moitié de sa vie en Syrie, notamment à Mar Moussa, un antique monastère qu’il a restauré et qui accueille encore aujourd’hui la communauté qu’il y a fondée, dédiée au dialogue islamo-chrétien. Les critiques libres et ouvertes qu’il formule contre le régime de Bachar Al-Assad lui valent d’être expulsé du pays en juin 2012. Après une parenthèse de quelques mois au Kurdistan irakien, il regagne sa terre de cœur et d’adoption avant d’être enlevé, alors qu’il allait négocier la libération de plusieurs otages à Raqqa, le fief de Daech, qui se faisait encore appeler à l’époque «État islamique en Irak et au Levant» (EIIL).
Cardinal Zenari: espoir et attente
«Ce serait une très belle nouvelle si cela était vrai», a commenté le cardinal Mario Zenari, au cours d’un entretien accordé à l’agence Adnkronos. «Nous l’espérons tous, maintenant, attendons», a-t-il poursuivi, précisant qu’il n’avait aucune nouvelle directe sur le père Dall’Oglio, et cela depuis longtemps. «Cela fait cinq ans et demi que nous suivons des pistes, même les plus impossibles» pour retrouver le religieux, mais «malheureusement il n’y a jamais rien eu de concret, pas un même un centimètre carré sur lequel se baser, dans un sens positif ou négatif », explique le cardinal Zenari qui confie son espoir après avoir entendu le président américain Donald Trump annoncer son intention de «nettoyer» les régions syriennes encore aux mains de l’EI. «J’ai eu cette pensée: voyons maintenant s’il est vrai qu’il y a encore des otages» au pouvoir de l’organisation djihadiste.
Cette révélation suscite en tous cas un fol espoir parmi les proches du jésuite. «J’ai toujours continué à espérer que Paolo était en vie, témoigne Francesca, sa sœur, qui affirme toutefois n’avoir reçu aucune confirmation de la cellule de crise officielle.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici