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L’Arche condamne «avec force» les agissements «inqualifiables» du père dominicain Thomas Philippe L’Arche condamne «avec force» les agissements «inqualifiables» du père dominicain Thomas Philippe 

L’Arche réaffirme sa politique de tolérance zéro face aux abus

À la suite de la diffusion du documentaire d’Arte sur les abus sexuels dans l’Église, L’Arche Internationale a publié un communiqué rappelant des éléments relatifs à son histoire et à ses actions en matière de lutte contre les abus sexuels. L’association est en effet longuement évoquée dans le documentaire, notamment par la voix des victimes du père Thomas Philippe, accompagnateur spirituel de L’Arche pendant plusieurs années.

Adélaïde Patrignani - Cité du Vatican 

«L’Arche tient à redire sa profonde compassion pour les victimes du père Thomas Philippe», est-il écrit en tête de ce communiqué de la Fédération internationale des Communautés de L’Arche daté du 5 mars 2019. «Nous savons que sans ces témoignages et la prise de conscience qu’ils provoquent, les victimes continueraient d’être enfermées dans le silence. Nous rendons hommage au courage de ces femmes qui font entendre leur parole», est-il expliqué, en référence au documentaire “Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église” diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte.

Des abus mis en lumière à partir de 2014

L’Arche condamne «avec force» les agissements «inqualifiables» du père dominicain Thomas Philippe, «comme elle l’avait fait en 2015 lorsque l’enquête canonique a confirmé les faits qui lui étaient reprochés».

L’association a commencé des démarches en 2014, «dès que les responsables de l’Arche ont reçu les deux témoignages de femmes mettant en cause le père Thomas Philippe décédé en 1993».  Une enquête canonique est alors demandée par L’Arche «afin que les personnes soient écoutées et les faits établis. Une quinzaine de témoignages sont ainsi recueillis. Les résultats de l’enquête canonique ont été rendus publics par les responsables de L’Arche en juin 2015, attestant “des agissements sexuels sur des femmes majeures et une emprise psychologique et spirituelle sur ces femmes”». L’Arche condamne «fermement ces faits, conscients de la gravité de leur impact dans la vie des victimes». Depuis ces révélations, poursuit le communiqué, «des paroles de condamnations ont été réitérées, des espaces de paroles ont été proposés, des gestes symboliques comme la messe pour les victimes du père Thomas Philippe (annoncée à l’ensemble de la fédération dans les 38 pays où L’Arche est présente), ont été posés».

Le lien du père Philippe avec L’Arche

Malgré ce processus de réparation et de vérité, l’association a «bien conscience que ces actions ne peuvent être suffisantes pour cicatriser les blessures de ces femmes». Elle dit continuer à s’interroger «sur la façon d’accompagner et de soutenir les victimes du père Thomas Philippe», avant d’apporter des précisions sur le rôle du dominicain au sein de L’Arche. Le prêtre «a joué un rôle important dans la genèse de l’association», est-il expliqué. «Il a été le père spirituel de Jean Vanier et a inspiré ce dernier dans la fondation de L’Arche en 1964, dans le village de Trosly-Breuil au nord de Paris. Dans les années qui suivent, il continue d’agir dans le cadre de son ministère de prêtre en tant qu’accompagnateur spirituel de cette première communauté tandis que L’Arche naît, grandit et se développe à travers le monde sous la direction de Jean Vanier. Celui-ci prendra très vite des orientations essentielles pour l’Arche, comme l’ouverture à une dimension interreligieuse, en désaccord avec le père Thomas Philippe».

Les victimes de ce dernier sont ensuite mentionnées: «certaines des femmes dont il a abusé étaient des salariées de cette première communauté. Nous reconnaissons que cet épisode fait partie de notre histoire qu’il nous faudra du temps pour le comprendre et l’intégrer dans toutes ses dimensions. Nous refusons toute tentation d’éluder cette réalité», affirment les rédacteurs du communiqué.

Un code de Conduite prochainement appliqué

La conclusion du document décrit les actions envisagées au sein des communautés de L’Arche. «L’Arche Internationale est consciente de l’urgence à déployer une politique de prévention et de lutte contre les abus qui puisse garantir un environnement et une culture sûrs, quel que soit le pays où elle est implantée. Cela passe notamment par la révision de ses procédures, actuellement en cours, et l’élaboration d’un code de Conduite, validé en décembre 2018 par l’Equipe de Direction Internationale et qui sera présenté aux représentants de la Fédération en Slovénie en avril 2019 pour en assurer le déploiement».

«L’Arche Internationale est déterminée à appliquer une politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels», est-il enfin rappelé.

L’Arche, fondée en 1964 par Jean Vanier, rassemble à travers le monde des lieux de vie et de travail partagés entre des personnes en situation de handicap mental et les salariés ou volontaires qui les accompagnent, de différentes confessions, croyants et non croyants.

Concernant le père Marie-Dominique Philippe, frère de Thomas Philippe, également mis en cause dans le documentaire d’Arte, les Frères de Saint-Jean ont eux aussi publié une déclaration dans laquelle ils «condamnent toute situation d’abus sexuel et de pouvoir et réaffirment leur engagement, en communion avec le Pape François, dans la lutte contre les abus».

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07 mars 2019, 12:51