Arrêt des soins de Vincent Lambert: Mgr de Moulins-Beaufort et l’honneur des plus fragiles
«La mort de Vincent Lambert est scellée, quoi qu’il en soit des recours tentés par ses parents». Ainsi Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, dernièrement nommé à la tête de l’épiscopat français, entame sa lettre, co-publiée avec Mgr Bruno Feillet, évêque auxiliaire du diocèse, dimanche 12 mai sur la situation médicale de Vincent Lambert.
Un profil médical singulièrement complexe
Le 10 mai dernier, le Docteur Vincent Sanchez, du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Reims, annonçait aux proches de Vincent Lambert «l’arrêt des traitements» et la mise en place dans la semaine du 20 mai d’une «sédation profonde et continue jusqu’au décès». Selon Mgr de Moulins-Beaufort, la situation médicale et humaine de Vincent Lambert est «singulièrement complexe», de même que «tout jugement à son propos est délicat».
«Face à de telles situations, aucune décision humaine ne peut être assurée d’être parfaite, ni même d’être la meilleure», affirme l’archevêque de la cité rémoise.
Nourrir sa décision d’une réflexion éthique
Ainsi estime-t-il qu’une société «doit savoir faire confiance au corps médical et respecter la décision collégiale des médecins engageant leur responsabilité professionnelle et humaine»; «quand les médecins, de leur côté, doivent accepter de prendre en compte les avis des proches et de nourrir leurs décisions d’une réflexion éthique sur la responsabilité des êtres humains les uns à l’égard des autres».
Mgr de Moulins-Beaufort qui relève que les spécialistes semblaient s’accorder sur le fait que Vincent Lambert, si dépendant soit-il depuis son accident, «n’est pas en fin de vie», s’étonnant de son non-transfert en unité spécialisée dans l’accompagnement des patients en état végétatif ou pauci-relationnel.
La grandeur de la mort
Le nouveau président, nommé, de la Conférence épiscopale française rappelle à bon escient dans ce contexte qu’il appartient naturellement à la condition de l’homme et à sa grandeur d’avoir à mourir un jour. «Il est bon de s’en souvenir en un temps où certains réclament le droit de mourir, quand et comment ils le choisissent, tandis que des prophètes du transhumanisme annoncent la fin de la mort».
Inaliénabilité et inviolabilité de la dignité
Or, observe-t-il, «c’est l’honneur d’une société humaine que de ne pas laisser un de ses membres mourir de faim ou de soif et même de tout faire pour maintenir jusqu’au bout la prise en charge adaptée». Se permettre d’y renoncer parce qu’une telle prise en charge a un coût et parce qu’on jugerait inutile de laisser vivre la personne humaine concernée serait ruiner l’effort de notre civilisation, selon l’archevêque, qui complète: «la grandeur de l’humanité consiste à considérer comme inaliénable et inviolable la dignité de ses membres, surtout des plus fragiles».
Mgr de Moulins-Beaufort conclut sa lettre en invitant surtout à la prière pour Vincent Lambert, ses proches, et pour que la société française «ne s’engage pas sur la voie de l’euthanasie», car «la grandeur de tout être humain est de mener sa vie jusqu’à son terme».
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