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Le 16 juin dernier, des milliers de Vénézuéliens ont passé la nuit à la frontière guatémaltèque dans l'espoir de passer au Pérou Le 16 juin dernier, des milliers de Vénézuéliens ont passé la nuit à la frontière guatémaltèque dans l'espoir de passer au Pérou 

L'Église soucieuse du sort des migrants vénézuéliens

Au Venezuela, l’Église s’alarme d’une hausse du trafic d’êtres humains dans le pays et demande aux autorités de réagir. En raison du marasme économique actuel et d’une crise politique qui annonce peu de changements, un dixième de la population vénézuélienne s’est réfugié dans les pays voisins où les églises tentent de leur venir en aide.

Marie Duhamel - Cité du Vatican

Parce qu’on leur offrait un travail ou de meilleures conditions de vie, des dizaines de Vénézuéliens ont pris la mer ces dernières semaines vers les Antilles néerlandaises au nord ou les îles de Trinité et Tobago à l’est. Au moins deux embarcations ont disparu avec tous leurs passagers, qui étaient essentiellement des femmes. Des groupes criminels mettent ainsi «en danger la vie et l’intégrité physique ainsi que la dignité des femmes, surtout de jeunes mineures». Ces événements sont en augmentation dans l’État de Falcon, sur les côtes Est, mais également dans les zones frontalières du Brésil et de la Colombie, constate, préoccupée, la Commission Justice et Paix de la conférence épiscopale.

L’État vénézuélien appelé à réagir

Dans un document publié ce mardi, la Commission et la Caritas locale sollicitent les autorités afin qu’elles «enquêtent, poursuivent, jugent et condamnent les responsables des crimes de trafic de personnes». Mgr Roberto Lückert, président de la Commission et archevêque émérite de Coro, exige également que les familles des victimes puissent avoir un accès «direct, sans aucun obstacle, aux corps de sécurité de l’Etat et aux organes judiciaires pour exposer leurs cas et recevoir justice sans aucun retard ainsi que le prévoit la Constitution et les différents instruments internationaux de protection des droits fondamentaux signés et ratifiés par la République bolivarienne du Venezuela».

L’Église vénézuélienne promet d’accompagner «dans la mesure du possible» les familles «angoissées et désespérées» après la disparition de leurs proches afin qu’elles obtiennent justice. Mgr Lückert souligne en particulier l’angoisse des enfants en état d’abandon.

Plus de 140 000 Vénézuéliens en fuite chaque mois

Quelque 3,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays depuis 2015 en raison de pénuries de nourriture et de médicaments, d’une inflation délirante. La crise économique se double d’un bras de fer politique entre le président Maduro et son opposant, le président de l’Assemblée, Juan Guaido, qui promet de ne rien résoudre.
L’exode s’est accéléré avec un million de départs depuis le mois de novembre. «Le rythme des sorties est vertigineux», indiquent le Haut-Commissariat pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations. 

Il est devenu difficile pour des raisons de coûts et de bureaucratie d’obtenir un passeport vénézuélien et de nombreux Vénézuéliens traversent la frontière illégalement chaque jour, par voies de traverses.

Ne pas se laisser emporter par la peur, mais agir

En Colombie ou au Brésil, l’Église leur porte secours de son mieux. Des repas sont notamment offerts aux migrants. Leur présence, parfois par milliers, a suscité l’animosité de la population. Le 19 août dernier dans l’Etat brésilien de Roraima frontalier du Venezuela, des campements de migrants ont été incendiés par des résidents en colère. L’Église appelait alors et appelle toujours à ne pas se laisser emporter par les voix encourageant à la xénophobie.

Dans un message publié ce mercredi, à la veille de la Journée mondiale du réfugié et du migrant, qui se tient chaque année le 20 juin, la conférence épiscopale du Pérou exhorte ainsi la société péruvienne à ne pas céder à la peur et la discrimination, mais à construire ensemble une culture de la rencontre. Suivant l’exemple de Jésus, les évêques invitent à des actions concrètes pour aider ces migrants en situation de vulnérabilité. Il faut les accueillir, les protéger, les intégrer.

800 000 Vénézuéliens ont trouvé refuge au Pérou. Le pays a récemment décidé de durcir ses conditions d’entrée, exigeant outre un passeport, un «visa humanitaire» que les migrants en fuite devaient demander auprès des consulats péruviens au Venezuela et en Equateur. Finalement, les mineurs, les femmes enceintes et les adultes en situation d’extrême vulnérabilité en ont été exemptés le 15 juin dernier.

L’Onu considère l’exode vénézuélien comme le déplacement le plus massif de l’histoire récente de l’Amérique latine.

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19 juin 2019, 15:51