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Une manifestation en Haïti, réclamant le départ du président Jovenel Moïse, le 14 février 2019. Une manifestation en Haïti, réclamant le départ du président Jovenel Moïse, le 14 février 2019.  

«La corruption généralisée devient un mal endémique» en Haïti, dénoncent les évêques

Dimanche 9 juin, plusieurs organisations et membres de l’opposition appellent à une journée de manifestation à Haïti, pour demander la démission du président Jovenel Moïse après un nouveau scandale de corruption, dénoncé par la Cour des Comptes. De leur côté, les évêques du pays alertent sur la corruption qui devient un mal endémique sur l'île.

Marine Henriot - Cité du Vatican 

Une nouvelle journée de mobilisation est prévue en Haïti dimanche 9 juin. Des partis d’opposition et plusieurs organisations appellent à manifester pour exiger la démission du président Jovenel Moïse, accusé par la Cour Supérieure des Comptes d’être au coeur d’un «stratagème de détournements de fonds». 

Dépassement des budgets, contrats avec plusieurs entreprises pour le même chantier, fraudes fiscales... La Cour des Comptes a ouvert la boîte de Pandore de la corruption et aucune administration n’est épargnée. Au cœur de ce vaste système de corruption, l’argent versé entre 2008 et 2018 par le Venezuela avec le programme Petrocaribe. Un gaspillage selon la Cour des Comptes, «au nom de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, au détriment des populations les plus vulnérables censées être les bénéficiaires du programme». C'est ce que dénonce le rapport publié le 1er juin, qui parle de dépenses «exorbitantes et extravagantes». Les exemples ne manquent pas : l’organisation de festivités de carnaval ou encore des contrats avec une entreprise travaillant dans la production de bananes payée pour un projet routier.

Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 20 ans, «aucune préoccupation sur les générations futures n’a été prise en compte», tandis que le remboursement de cette dette au Venezuela incombera à ces générations, signale la Cour des Comptes. La population, elle, est en colère. Depuis 2018, elle a lancé le mouvement Petrocaribe challenge pour obtenir cet audit de la Cour des Comptes.

Les mots de colère des évêques 

Les évêques d'Haïti ont lu «avec attention et consternation» les rapports de la Cour des Comptes, et estiment dans un communiqué que «la source principale du mal qui ronge notre pays, c’est l’amour excessif de l’argent». 

«Notre pays traîne honteusement dans la corruption au plus haut niveau de la société. La corruption généralisée devient un mal endémique, une bourbe salissante, un fait dégradant, un vol organisé. Elle est devenue une véritable plaie sociale qui gangrène nos institutions, rend la politique malade, menace la démocratie et la paix sociale, et ainsi nuit gravement, tant d’un point de vue éthique qu’économique, au développement de notre pays», écrivent les évêques qui déplorent une situation socio-économique catastrophique et une instabilité politique macabre. 

Ces situations douloureuses sont subies par la population haïtienne continuent les évêques, «car l’instabilité politique qui sévit en Haïti et les comportements indignes des politiciens sont sur le point d’inaugurer dans le pays “l’ère de l’ivresse assassine du sans-limite”; et nous assistons – dans presque tous les secteurs de la vie nationale – à une sorte de violence protéiforme dont nul n’est à l’abri». 

D’une seule voix, unis à la population, les évêques appellent au changement dans leur pays, car le peuple «en a assez de souffrir» et demandent au peuple de distinguer ceux qui recherchent vraiment le bien.

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09 juin 2019, 17:40