Corruption, migrants : l’appel des évêques de Papouasie au nouveau gouvernement
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Alors que la Papouasie Nouvelle-Guinée ouvre un nouveau chapitre de son histoire politique, l’Église catholique de l’archipel entend bien faire entendre sa voix. Le 30 mai, au lendemain de la nomination de James Marape à la tête du gouvernement, les évêques ont publié un communiqué rappelant leur engagement au service des plus faibles.
Ils demandent en premier lieu que le nouveau gouvernement s’occupe en priorité des pauvres, que ce soit dans les zones rurales comme dans les villes. Dans leur communiqué, les évêques évoquent des choses très concrètes, listant ainsi les nombreuses carences dont souffre le pays. Ils souhaitent ainsi «l'amélioration des services publics, de l'éducation des enfants, des médicaments dans les centres de santé, des routes reliant les fermes aux marchés, ou encore du travail et des installations sportives pour réduire l'impact de l'alcool et des comportements négatifs sur les jeunes».
La dignité des migrants
La conférence épiscopale de Papouasie insiste aussi sur la nécessité de traiter dignement les migrants, alors que des centaines de réfugiés vivent dans des conditions très difficiles dans le centre de rétention sur l’île de Manus, après avoir été refoulé par l’Australie. «La détention illégale de réfugiés et de demandeurs d'asile à Manus et Port Moresby (la capitale), à la demande du gouvernement australien est une cause de honte et d'embarras que le nouveau gouvernement de Papouasie Nouvelle Guinée doit dénoncer dès le premier jour de son mandat», lancent avec clarté les évêques.
Ils décrivent ainsi les conditions de vie dramatiques de ces réfugiés, dont beaucoup souffrent de dépression et dont les tentatives de suicide sont quotidiennes, et demandent à l’Australie de les accueillir afin de leur assurer les soins nécessaires.
Pour une commission anticorruption
Dans leur communiqué, les évêques papouasiens demandent aussi au nouveau gouvernement un effort de transparence, dans un pays rongé depuis des années par la corruption. Ils formulent ainsi de nouveau le souhait que soit créé un organisme indépendant pour lutter contre ce fléau.
«La perception de la corruption systémique et systématique en Papouasie-Nouvelle-Guinée nuit grandement à l'image de la nation et au moral de ses citoyens. Nous renouvelons notre appel en faveur du rétablissement de la séparation des pouvoirs» peut-on lire dans leur texte.
Changer les lois pour mieux préserver la nature
L’Église catholique locale revient enfin sur la nécessité de mieux préserver l’environnement dans une terre qui, comme de nombreux pays du Pacifique souffre déjà de l’impact des changements climatiques. Les évêques demandent ainsi «une révision législative» pour que soit assurée la protection de l’environnement et des ressources naturelles du pays.
La conférence des évêques met ainsi en garde contre les ravages de la déforestation et l’extraction minière assurée par des compagnies étrangères. James Marape le nouveau premier ministre a apporté une première réponse en promettant de «modifier» la législation sur les ressources du pays, qui avait conduit à la signature au mois d’avril d'un contrat gazier de 13 milliards de dollars avec les français Total et américain ExxonMobil. Un contrat qui a provoqué un vaste scandale en Papouasie et fragilisé le précédent gouvernement.
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