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Les évêques de Colombie ici lors d'une rencontre avec le président Ivan Duque, en juillet 2018. Les évêques de Colombie ici lors d'une rencontre avec le président Ivan Duque, en juillet 2018. 

Colombie: les évêques veulent redonner de la force au processus de paix

Quelques jours après l’assemblée plénière de l’épiscopat colombien, son secrétaire général, Mgr Elkin Fernando Alvarez Botero, explique comment l’Église locale tente de préserver le processus de paix dans le pays.

Giada Aquilino – Cité du Vatican

Un engagement pour une «économie toujours au service de la dignité humaine et du bien commun», dans un pays où les inégalités entre riches et pauvres sont toujours plus fortes et où les accords de paix se concrétisent d’une façon trop lente : c’est ce qui ressort de l’assemblée plénière des évêques de Colombie, organisée du 1er au 6 juillet à Bogota sur le thème «l’économie au service de la dignité humaine et du bien commun».

Les évêques se sont notamment penchés sur la question douloureuse des assassinats de leaders sociaux et défenseurs des droits de l’homme : 172 d’entre eux ont été tués en 2018, et cette vague de violences s’est poursuivie au premier semestre 2019, notamment dans les zones frontalières avec le Venezuela. «Chaque évêque a raconté l’ampleur de la tragédie dans son propre diocèse», raconte Mgr Alvarez Botero, secrétaire général de la conférence épiscopale et lui-même évêque auxiliaire de Medellin. «Nous voulons dire que la vie est sacrée et que toute vie doit être respectée, y compris celle des leaders sociaux». Il s’inquiète également de la violence des bandes armées qui contrôlent le trafic de drogue.

Accords de paix avec les Farc

Selon les dernières données, 13 000 ex-guérilleros des Farc ont déposé les armes après l’accord de paix de 2016, mais beaucoup manquent encore à l’appel. «L’Église offre son aide en ce moment afin que les zones où se concentrent les anciens guérilleros soient vraiment des lieux où il soit possible de retourner à la vie civile. Mais nous voulons aussi donner à tous la force d’être patients dans la construction de la paix, en travaillant ensemble, parce que c’est un processus difficile. Les accords avancent, mais avec retard. Nous voulons donc donner de la force à ce processus, et offrir notre aide pour faire en sorte qu’ils soient respectés.»

L’impasse des négociations avec l’ELN

Depuis des mois, les négociations avec l’autre guérilla encore active, l’ELN, sont bloquées. Ouvertes par le précédent gouvernement en 2017, les discussions ont été suspendues par le président Ivan Duque après l’attentat de janvier dernier à l’École nationale de la police à Bogota, qui a fait 21 morts.

«En ce moment, il y a des contacts auxquels participent aussi des personnes d’Église, pour trouver des points communs afin d’aller de l’avant», explique toutefois Mgr Alvarez Botero. Indubitablement, la Colombie a besoin de continuer sur la voie du dialogue. Il y a des problèmes, mais nous devons insister sur la réalisation de la réconciliation. C’est le grand message que le Pape nous a laissés à l’occasion de sa visite il y a deux ans. En cela, l’Église veut être ferme : nous nous engagerons toujours dans la mission de la réconciliation. Aussi comme médiateurs, si le gouvernement et aussi l’autre partie le demandent, parce que, précise-t-il, pour être médiateurs, nous devons avoir l’acceptation des deux parties.

La situation des personnes déplacées

Justement à cause de la guérilla mais aussi à cause des catastrophes naturelles, «la Colombie est le pays d’Amérique du Sud qui a le plus de déplacés internes, surtout des campagnes vers les villes : il faut agir pour ces personnes qui ont tout perdu», explique l’évêque colombien, sans oublier «la situation des migrants qui viennent du Venezuela : ils arrivent à la frontière, ils reçoivent quelques aides humanitaires de base, et ensuite ils vont dans les villes. Les Églises de la région, mais aussi de tout le pays, cherchent avec tous les moyens possibles à apporter de la nourriture, mais chaque fois c’est plus difficile. J’ai entendu l’évêque d’un diocèse frontalier dire qu’il a atteint la limite maximale et qu’il ne réussit pas à faire plus. Nous verrons comment aller de l’avant.»

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12 juillet 2019, 11:53