Cuba: le cardinal Ortega est décédé
Figure majeure de l’histoire récente de Cuba, le cardinal Jaime Ortega y Alamino s’est éteint ce vendredi 26 juillet, trois ans après s’être retiré de sa charge d’archevêque de La Havane.
Dans un télégramme adressé à son successeur, Mgr Juan de la Caridad Garcia Rodriguez, et signé par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, le Pape François a adressé ses condoléances aux proches du cardinal cubain et aux fidèles du diocèse de La Havane. Dans ce court message, le Pape offre ses «suffrages pour le repos éternel du défunt, qui a servi l'Église et ses frères dans les différentes charges que la Providence lui a confié» et adresse la bénédiction apostolique «comme signe de l'espérance chrétienne dans le Seigneur ressuscité».
Pour sa part, le gouvernement a salué son «travail infatigable» et son «amour pour Cuba».
Une détente avec le pouvoir castriste
Né dans le village de Jaguey Grande le 18 octobre 1936, Jaime Ortega avait été formé par les pères des Missions étrangères de Québec, et il était donc parfaitement francophone. Ordonné prêtre en 1964 pour son diocèse de Matanzas, il connaît un début de sacerdoce mouvementé, dans le contexte de la persécution religieuse menée alors par le régime castriste. Interné dans un camp de travail en 1966, il est toutefois libéré en 1967, devenant curé de plusieurs paroisses, en ville comme en zones rurales. Il se consacre particulièrement à l’apostolat des jeunes.
En 1978, à 42 ans, il est nommé par Jean-Paul II évêque de Pinar del Rio, puis il est rapidement promu à La Havane, dès la fin de l’année 1981, Son long épiscopat de près de 35 ans dans la capitale cubaine, jusqu’en 2016, sera marqué par une lente et graduelle détente des relations entre l’État communiste et l’Église.
Le cardinal qui avait reçu trois Papes
Le cardinal Ortega parvient à remettre l’Église catholique au cœur de la société. Alors qu’elle avait été longtemps confinée au seul culte, il lui redonne une assise sociale, notamment en fondant la Caritas locale dès 1991, et en 2011 avec la création du Centre culturel Père Felix-Varela, dédié à la formation des laïcs. Ayant noué une relation personnelle avec Raul Castro, qui succède à son frère Fidel Castro dans les années 2000, le cardinal Ortega jouera un rôle important en négociant la libération de prisonniers politiques, et il sera aussi l’une des chevilles ouvrières du rapprochement américano-cubain en décembre 2014.
Il est l’un des seuls évêques au monde à avoir reçu la visite de trois Papes : Jean-Paul II en 1998, Benoît XVI en 2012, et enfin François en 2015, sans oublier l’escale historique du Pape argentin à La Havane en février 2016, non pas cette fois pour une visite pastorale mais pour un entretien avec le Patriarche de Moscou, Cyrille.
Créé cardinal par Jean-Paul II en 1994, il a participé aux conclaves de 2005 et 2013. Au sein de la Curie romaine, il avait notamment été membre de la Congrégation pour le Clergé et de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Outre sa présidence de la conférence épiscopale cubaine de 1988 à 1998 et de 2001 à 2007, il fut aussi vice-président du CELAM, le Conseil épiscopal latino-américain, de 1995 à 1999.
Après son décès, le collège cardinalice compte désormais 217 membres, parmi lesquels 120 cardinaux électeurs et 97 non-électeurs.
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