Guatemala: les migrations au cœur de l’élection présidentielle
Griselda Mutual – Cité du Vatican
Aucun accord n’a finalement été signé entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue guatémaltèque, Jimmy Morales, au sujet de la définition de ce pays d’Amérique centrale comme «pays tiers sûr» pour les migrants qui traverseraient ce territoire pour voyager vers le nord, mais aussi pour des milliers de ressortissants d’Amérique centrale expulsés des États-Unis. Cet accord avait fait l’objet de nombreuses critiques, émanant notamment de la conférence épiscopale, qui a dénoncé le risque d’une perte de souveraineté pour le pays.
Dans ce contexte, le service hispanophone de Radio Vatican - Vatican News a interrogé Mgr Gonzalo de Villa, le président de la conférence épiscopale, qui est évêque de Solola-Chimaltenango, qui a confirmé la pression exercée en cette fin de semaine, de la part de la population comme des médias afin d’éviter la signature de cet accord préparé dans le plus grand secret, et sans aucune communication officielle.
Le pays fait face à de nombreuses difficultés économiques et sociales, et chaque année, 250 000 Guatémaltèques franchissent la frontière vers les États-Unis. Il ne s’agit plus seulement de jeunes hommes comme il y a quelques années, mais désormais il s’agit de familles entières, avec des mères et des enfants. Certaines localités du Guatemala portent la marque d’un véritable exode en raison du manque d’opportunités pour les personnes qui resteraient au pays, avec un salaire 10 à 15 fois inférieur au revenu possible aux États-Unis, qui peut atteindre 15 à 20 dollars de l’heure. Ce phénomène est donc au cœur de l’élection présidentielle au Guatemala, dont le second tour se jouera le 11 août prochain.
Les trois défis pour les candidats : justice, pauvreté et migrations
Le scrutin ne suscite aucun enthousiasme particulier. Deux candidats s’affrontent : Sandra Torres, candidate de l’Union nationale dans l’espérance, et Alejandro Gianmattei, candidat du parti “Vamos”. Mais Mgr de Villa précise que dans ce pays, les partis naissent, meurent puis renaissent sous un autre nom. Il n’y a pas de véritable renouvellement politique.
L’évêque insiste sur trois thèmes à soumettre à l’attention des candidats : celui de la justice, car il y a de très hauts taux d’impunité, celui de la pauvreté, à combattre non seulement avec des programmes de solidarité pour les plus pauvres, mais avec de nécessaires «stratégies de développement», et celui des migrants qui, dit-il, «sont maintenant des soutiens du pays», parce que plus de 50% des ressources du Guatemala proviennent de la diaspora. Les dirigeants doivent donc générer plus d’emploi localement pour que la migration cesse d’être un phénomène massif. En substance, il faut donc une régénération du système politique.
Sur le plan ecclésial, Mgr de Villa se mobilise surtout pour l’évangélisation dans les aires urbaines, qui continuent à croître, et pour la présence dans la vie publique afin d’être un «phare» pour un pays qui a vu se faire élire des maires «évidemment narcos»… Enfin, l’Église doit apporter ce sens de l’espérance qui manque souvent à la population.
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