Italie: des contemplatives interpellent le gouvernement sur les migrants
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Par leur lettre ouverte, ces religieuses contemplatives veulent faire entendre la voix de leurs «frères migrants qui échappent aux guerres, aux persécutions et aux famines, font face à des voyages interminables et inhumains, subissent humiliations et violences en tout genre que désormais personne ne peut démentir». Elles s’inquiètent d’ailleurs de «la diffusion en Italie de sentiments d’intolérance, de rejet et de discrimination violente envers les migrants et réfugiés qui cherchent sur nos terres accueil et protection».
«Protégez la vie des migrants !»
Les moniales italiennes – qui se disent «en communion avec le magistère de fraternité et de solidarité du Pape François» - reprennent quelques passages du Document sur la fraternité humaine signé par le Saint-Père et le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb à Abu Dhabi, en février dernier.
Puis, s’adressant aux deux principaux responsables du gouvernement du pays, les sœurs lancent un cri: «protégez la vie des migrants !». Elles demandent que les institutions gouvernementales italiennes contribuent à l’intégration de ces derniers et les protègent de «l’apparition du racisme et d’une mentalité qui les considèrent seulement comme une obstacle au bien-être national». Mentalité qui semble gagner du terrain alors que «d’innombrables exemples» témoignent d’insertions réussies. «Ces richesses ne sont pas valorisées, et beaucoup de potentialités devraient être reconnues et promues», estiment les auteurs.
Le monastère, lieu d’accueil
Soucieuses de la vie de leurs frères et sœurs en humanité, les contemplatives s’interrogent elles-mêmes sur la manière de «contribuer concrètement à l’accueil des réfugiés, en s’ajoutant aux institutions diocésaines. Certains [monastères] offrent déjà de l’espace et de l’aide», expliquent-elles, ajoutant qu’elles désirent rester aux côtés «de tous les pauvres de notre pays, et, maintenant plus que jamais, de ceux qui rejoignent l’Italie et se voient refuser ce qui est le droit de tout homme et de toute femme sur la terre: la paix et la dignité. Beaucoup d’entre nous ont déjà eu l’occasion de connaître de près leurs tragédies», écrivent les religieuses.
Construire des liens en communauté
Au président Mattarella et à Giuseppe Conte, les contemplatives italiennes parlent également de leur propre expérience communautaire, tirant des conclusions valables pour l’ensemble de la société. «Notre simple vie de sœur témoigne qu’être ensemble est exigeant et parfois fatigant, mais possible et constructif. Seul l’art patient de l’accueil réciproque peut nous maintenir humains et nous réaliser comme personnes», estiment-elles. Elles se disent aussi «profondément convaincues qu’il n’est pas naïf de croire qu’une solidarité efficace, et évidemment bien organisée, puisse enrichir notre histoire, et à long-terme, notre situation économique et sociale». «Ceux qui semble manquer aujourd’hui dans beaucoup de choix politiques, relèvent-elles, est une sage lecture d’un passé fait de peuples ayant migré et une lucidité capable de pressentir pour demain les conséquences des choix d’aujourd’hui».
Un regard encourageant
Les clarisses et carmélites signataires tiennent aussi à «se dissocier de toute forme d’utilisation de la foi chrétienne qui ne se traduise pas en charité et en service».
Elles expriment enfin leur soutien envers ceux «qui consacrent du temps, de l’énergie et du cœur à la défense des réfugiés et à la lutte contre toute forme de racisme», et remercient les deux dirigeants italiens pour ce qu’ils ont «déjà fait en faveur d’une coexistence pacifique et d’une société plus accueillante». Elles les assurent de leur prière, l’élargissant aux membres des institutions, à l’Italie et à l’Europe, «pour que nous collaborions ensemble à promouvoir le bien véritable pour tous».
Soutien d’une congrégation apostolique
L’appel de ces sœurs contemplatives a déjà reçu le soutien des Missionnaires de Saint Charles Borromée – ou Scalabriniennes – congrégation apostolique engagée auprès des migrants et réfugiés. L’une de ses supérieures provinciales, sœur Milva Caro, a exprimé au nom de sa congrégation «sa plus profonde reconnaissance, son appui et sa communion», car «de cette manière nous devenons tous bâtisseurs d’’une humanité nouvelle qui met au centre l’humain et l’humanité». Sr Neusa de Fatima Mariano, supérieure générale des Scalabriniennes, estime quant à elle qu’un «engagement entre les congrégations est toujours plus nécessaire», pour que la vie religieuse féminine parle d’une même voix, dans un contexte où «l’inquiétude face à la montée du sentiment d’intolérance en Italie est la même dans beaucoup de pays d’Europe et du reste du monde». (Avec Fides)
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