Colombie: les évêques du pays s’expriment pour le bicentenaire de l’indépendance
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Pour les évêques de Colombie, le bicentenaire de l’Indépendance est une «opportunité propice pour regarder le passé avec gratitude et avec objectivité». Ils rendent donc un hommage appuyé à toutes ceux «qui participèrent à ce geste libérateur», en particulier les membres de l’Église ayant collaboré «avec un véritable héroïsme aux combats pour la liberté». «La foi chrétienne a illuminé et accompagné les processus qui nous ont conduit à l’Indépendance», rappellent-ils.
Une liberté menacée
Ce bicentenaire est aussi «le moment pour assumer notre présent avec une grande responsabilité», continue l’épiscopat colombien, après avoir souligné que la liberté obtenue par les générations précédentes «est un don et aussi un grand devoir que nous devons réaliser». Ils identifient les ennemis actuels de la liberté en Colombie: «l’individualisme dominant», les divisions «entre frères», «la fracture économique résultant de l’injustice sociale et de la concentration du capital», «la corruption», le non-respect de l’environnement, «le narcotrafic qui génère la terreur parmi la population, détruit la jeunesse et produit des économies parallèles au service du crime et de la mort», et enfin «la destruction de la vie humaine et la non-conscience de sa valeur sacrée».
Les prélats proposent une voie spirituelle pour dépasser ces fléaux, précisant que «nos propres forces ne suffisent pas à les vaincre». «Il est nécessaire d’ouvrir nos vies pour accueillir le Christ et son Évangile», expliquent-ils, «son amour qui nous pardonne toujours nous pousse à nous réconcilier avec Lui, avec nos frères et avec la création», «sa miséricorde nous soigne des blessures du mal et sa Pâque nous relève de la mort».
Promouvoir le dialogue
Enfin, les évêques de Colombie estiment que cet anniversaire «est une invitation à regarder le futur avec espérance, ce qui pour les chrétiens n’est pas une pure illusion ou un simple optimisme […]». Cette attitude à des implications réalistes: il s’agit de «promouvoir une transformation culturelle qui nous permette de continuer le chemin de la liberté». «Il ne suffit pas d’être une géographie, ni une société, ni un pays», peut-on lire, «il est nécessaire d’être une communauté nationale avec un esprit, un grand projet, avec une solidaire responsabilité les uns envers les autres». Il faut désormais «sceller l’indépendance face à d’autres réalités qui nous tyrannisent et nous détruisent», estiment vigoureusement les évêques.
Pour cela, un dialogue dynamique et permanent est préconisé. «La famille, l’école, l’Église et la société sont appelées à générer une culture du dialogue chez les enfants et les jeunes, puisqu’ils sont l’espérance du pays», estime l’épiscopat avant de se référer au Pape François.
Les pasteurs colombiens s’engagent quant à eux à «communiquer le Christ, Chemin, Vérité et Vie» au peuple colombien, et à «travailler sans relâche pour que la réconciliation règne» dans la société.
Un long chemin vers l’indépendance
En Colombie, la fête de l’Indépendance (fête nationale) a lieu le 20 juillet, en mémoire du 20 juillet 1810, considéré comme le point de départ de la lutte pour l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Ce jour-là, un groupe d'indépendantistes renverse le vice-roi Antonio Amar y Borbon, et prend le pouvoir à Bogotá. Mais le mouvement indépendantiste mené par Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander n'aboutit que neuf années plus tard: l'indépendance est en effet reconnue le 7 août 1819, date à laquelle naît la République fédérale de la Grande Colombie.
Les commémorations du bicentenaire ont déjà commencé, marquées notamment par la célébration du Te Deum à la cathédrale de Bogotá dimanche 5 août, tout comme dans d’autres villes du pays sud-américain.
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