Les Argentins étranglés par la crise: témoignage d'un religieux de Buenos Aires
Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican
La crise qui touche le pays depuis 2018 s’est considérablement détériorée suite aux primaires du 11 août dernier, sorte de «répétition générale» de l’élection présidentielle prévue en octobre prochain. Ce scrutin s’est soldé par la défaite cuisante de l’actuel chef de l’État Mauricio Macri au profit de son rival, Alberto Fernandez, candidat péroniste dont la colistière n’est autre que l’ancienne présidente Cristina Kirchner. Même s’il était prévisible, ce résultat a causé la panique sur les marchés boursiers, effrayés à l’idée d’un retour au pouvoir de l’équipe précédente, réputée hostile aux investisseurs étrangers.
Une économie en constante récession
En lui infligeant ce revers, les Argentins ont envoyé un message clair à Macri ; dès son arrivée au pouvoir en 2015, ce dernier avait pourtant promis de lutter contre les problèmes économiques structurels du pays. L’un de ses premiers gestes avait été d’appliquer la politique d’ajustements budgétaires préconisée par le Fonds monétaire international (FMI) contre un prêt substantiel de 57 milliards de dollars. Mais cette stratégie n’a pas porté les fruits escomptés, au contraire. L’économie du pays, déjà fragilisée par les crises précédentes, n’a eu de cesse de se rétracter ; l’Argentine accuse aujourd’hui une inflation parmi les plus élevées au monde. Avec pour conséquences une baisse de la consommation, la fermeture des commerces et la destruction de milliers d’emplois, un taux de chômage (10,1%) et une pauvreté en constante augmentation.
Un état d’urgence alimentaire
Les Argentins ressentent les effets de ce marasme de manière très concrète. Une récente étude menée par une université argentine soulignait combien la pauvreté risquait de concerner, à terme, au moins 35% de la population. Elle établissait également que 14% des enfants se trouvaient dans une situation d’insécurité alimentaire grave ; 7% d’entre eux se verraient même contraints à sauter un repas par jour, en raison de la hausse du prix des aliments de base.
La situation ne cesse d’empirer, au point que les députés ont approuvé à l'unanimité jeudi une proposition de loi d'urgence alimentaire, qui doit encore être soumise au vote du Sénat, pour allouer des fonds supplémentaires aux programmes sociaux en faveur des plus démunis. Une mesure que réclamait depuis plusieurs jours l'Église locale, via la Commission épiscopale pour la pastorale sociale.
Nous avons contacté un religieux vivant à Buenos Aires, la capitale argentine. Il nous témoigne du quotidien difficile des Argentins en cette énième période de crise.
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