L’incendie d’une église à Grenoble en janvier était d’origine criminelle
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Seul le clocher et sa croix sont restés debouts. L’église Saint Jacques était le lieu de culte principal de la paroisse de la Sainte Famille, dans le quartier Capuche à Grenoble. Inaugurée en mai 1958 puis rénovée en 1999-2000, elle a donc été réduite en cendres il y a dix mois. Dans un premier temps, l’enquête de la police nationale et de la police scientifique avait conclu à un incendie accidentel, causé par un court-circuit électrique au niveau du toit de l’église.
Changement de piste
Mais de nouveaux résultats d'analyse ont changé la donne, des traces de supercarburant ayant été retrouvés dans les décombres de l'église. Par conséquent, les faits ont été requalifiés. Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, confirmait ce 8 octobre que l’hypothèse d’un acte volontaire était désormais retenue. Le 22 janvier dernier, un groupe relevant de la mouvance anarchiste avait d’ailleurs revendiqué cet acte. Une revendication qui avait étonné le parquet de Grenoble, mais que celui-ci avait tout de même pris «au sérieux». Pour l’heure, les auteurs de l’incendie ne sont pas encore clairement identifiés, et l’enquête se poursuit.
Ne pas céder à la peur
Le diocèse de Grenoble a accueilli ce revirement avec stupéfaction et tristesse. «L’Église catholique en Isère est à nouveau meurtrie par cette révélation», écrit Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne, dans une déclaration datée du 9 octobre. «Cette action criminelle est une atteinte à la liberté de conscience, à la liberté de culte, et à la qualité du vivre-ensemble», poursuit-il, observant que «cet attentat semble s’inscrire dans une vague d’incendies criminels qui visent des lieux symboliques dans l’agglomération grenobloise». Au moins sept incendies criminels importants ayant touché des bâtiments publics (mairie, entrepôt, gendarmerie…) ont en effet été dénombrés dans la capitale alpine depuis deux ans. «La tentation serait de céder à la peur; au contraire, les événements nous invitent à relever le défi de construire une société respectueuse des libertés et soucieuse du bien commun», ajoute l’évêque, avant de promettre que l’«église sera reconstruite».
Atteinte à la vie commune
Pour le père Loïc Lagadec, vicaire général du diocèse de Grenoble-Vienne, il ne s’agit pas d’«une attaque spécifiquement antichrétienne», mais les criminels ont attaqué «un lieu de paix, de recueillement et un lieu alternatif à la consommation». «Que l’on croie en Dieu ou non, brûler un lieu de culte c’est une volonté d’atteinte à la vie commune», explique-t-il au micro de France Bleu Isère. Les agissements des auteurs sont ceux «d’une petite minorité qui utilise la violence pour défendre leur idéologie». Une méthode qui ne correspond «ni aux valeurs de la société, ni aux valeurs de l’Évangile», rappelle le père Lagadec.
(Avec La Croix et France3 Auvergne-Rhône-Alpes)
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