Le cardinal polonais Stefan Wyszyński futur bienheureux
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Mercredi 2 octobre, le Pape a reçu en audience le préfet de la Congrégation pour les Causes des saints, autorisant la promulgation de ces décrets. L’Eglise aura bientôt cinq nouveaux bienheureux, dont l’ancien Primat de Pologne et ex-archevêque de Gniezno et de Varsovie, un témoin courageux de la foi lors de la période communiste. Un miracle a été attribué à son intercession.
Malade d’une tumeur incurable à la thyroïde, une jeune femme âgée de 19 ans en 1988 a été guérie l’année suivante grâce à l’intercession du serviteur de Dieu. Son cancer n’est jamais réapparu depuis.
«Primat du millénaire»
«Un primat tel que Wyszyński apparaît une fois tous les mille ans» affirma saint Jean-Paul II qui avait surnommé son ami et concitoyen de «Primat du millénaire», en raison de ses mérites et de son engagement pour l’Église et pour son pays.
Stefan Wyszyński est né dans une famille catholique modeste, en 1901, dans un village de l'Empire russe. Formé au séminaire de Wloclawek, à 160 km de Varsovie, il sera ordonnée prêtre en 1924.
Lors de l’occupation allemande de la Pologne, son évêque le contraint à abandonner ses études de droit canonique, et à exercer son ministère dans la clandestinité. La Gestapo avait inscrit son nom sur la liste des religieux polonais considérés comme dangereux, au même titre que saint Maximilien Kolbe. Lors de l’insurrection de Varsovie, en 1944, le père Wyszyński sert comme aumônier militaire. Il recueille la confession et donne les derniers sacrements aux mourants, qu’ils soient Polonais ou Allemands.
A la fin de la Seconde guerre mondiale, le Comité de libération nationale, sous contrôle de l’Union soviétique, dirige le pays. A cette époque, le père Wyszyński est ordonné évêque de Lublin, puis nommé archevêque de Gniezno et de Varsovie. Il préside la conférence épiscopale à partir de 1948 et jusqu’en 1981, défendant la liberté religieuse et paix, réclamant un désarmement dans le pays.
Lutte contre les autorités communistes
En 1952, une nouvelle Constitution est adoptée. Avec l’avènement de la République populaire de Pologne, le clergé est dans la ligne de mire des autorités qui instaurent une propagande marxiste et athée. Malgré la récurrence d’articles virulents de la Pravda à son encontre, Mgr Wyszyński signe une lettre ouverte au gouvernement polonais, intitulée «Non possumus». Les évêques polonais en sont tous signataires. Ils refusent de collaborer avec le régime communiste.
Le 25 septembre 1953, il est interpellé et incarcéré pendant trois ans, n’emportant avec lui que son bréviaire et son rosaire. Alors qu’il est en prison, le Pape Pie XII le créé cardinal lors du consistoire du 12 janvier 1953. À sa libération, à la faveur de l’Octobre polonais, il reprend son ministère, mais ne pourra se rendre à Rome qu’un an plus tard, en 1957, pour recevoir sa barrette.
Cardinal électeur lors du conclave de 1978, on perçoit son émotion intense lorsqu’il s’agenouillera et tombera dans les bras de son ami Karol Wojtyla, nommé évêque de Cracovie en 1958 et tout juste élu au siège de Pierre. Le Pape Jean-Paul II le prit alors dans ses bras avant de l’embrasser sur le front.
Les deux hommes restent des figures nationales majeures aujourd’hui en Pologne. Côte à côte face aux communistes, leur position divergèrent en août 1980. Il choisit de mettre en garde les grévistes de Gdansk contre une intervention soviétique, quand Jean-Paul II choisira lui de soutenir le mouvement.
Le cardinal Stefan Wyszyński décède le 28 mai 1981, quinze jours après la tentative d’assassinat infructueuse visant Jean-Paul II. Le procès en béatification du Primat fut ouvert en 1989, à l’initiative du Pape polonais.
La joie de l’épiscopat polonais
A l’annonce de la prochaine béatification du cardinal Stefan Wyszyński, le président de la conférence épiscopale polonaise a communiqué «la grande joie de l’Église polonaise» et exprimé leur gratitude au Pape François.
Un message du Saint-Siège devra prochainement dévoiler la date et le lieu de la béatification.
Parmi les autres futurs bienheureux se trouvent un prêtre italien, le père calabrais don Francesco Mottola, le fondateur de l’Institut séculier des Oblates du Sacré Cœur (1901-1969), et trois laïcs: une jeune italienne Alessandra Sabattini de la Communauté Papa Giovanni XXIII (1961-1984), et deux martyrs, Giovanni Roig y Diggle tué à 19 ans lors de la guerre civile espagnole et la laïque brésilienne Benigna Cardoso da Silva, tuée à 33 ans au Brésil en 1941.
Avec la reconnaissance de leurs vertus héroïques, deviennent également Vénérables serviteurs de Dieu : Augusto Cesare Bertazzoni, l’archevêque titulaire de Temuniana (1876-1972); la religieuse espagnole Maria Francesca del Bambino Gesù (alors: Maria Natividad Sánchez Villoria), moine professe de l’Ordre de Sainte Claire (1905-1991) et le prêtre français Louis Querbes, fondateur de la Congrégation des clercs de Saint-Viateur (1793-1859), voir article ci-joint.
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