Qu’est-ce que le Pacte des catacombes ?
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
“Pacte pour une Église servante et pauvre”, c’est le sous-titre de ce document signé par 42 pères conciliaires, il y a près de 55 ans. Les signataires s’engagent à vivre les 13 points de ce texte, qui pourraient être résumé par un mot: pauvreté. Il s’agit de changer de style de vie, en renonçant à tout privilège ou signe de richesse, de servir les pauvres, soulager la souffrance, lutter pour la justice, de gouverner de manière plus coopérative… On peut lire par exemple «nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de richesse spécialement dans les habits (étoffes riches et couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse: ces insignes doivent être en effet évangéliques».
Adhérents
Aussi appelé le “Schéma XIV” (allusion aux 13 “schémas” préparatoires des grands textes du Concile), le Pacte est largement diffusé parmi les pères conciliaires le 7 décembre 1965, la veille de la clôture officielle du Concile Vatican II. Au total, environ 500 d’entre eux y adhèrent. Les 42 signataires de départ, longtemps restés discrets, sont en majorité des évêques latino-américains. Dom Helder Camara, archevêque de Recife, est l’un des huit Brésiliens. Figure aussi Mgr Leonidas Proaño, évêque équatorien connu pour sa défense des paysans, et le bienheureux Mgr Enrique Angelelli, évêque argentin tué pendant la dictature militaire. Mais on trouve aussi des prélats européens, parmi lesquels les Français Mgr Guy-Marie Riobé, évêque d’Orléans, Mgr Gérard Huyghe, évêque d’Arras, Mgr Adrien Gand, évêque auxiliaire du cardinal Liénart à Lille, ainsi que Mgr Georges Mercier, évêque de Laghouat au Sahara, et Mgr Georges Hakim, évêque melkite de Nazareth, futur patriarche Maximos V.
Origines
L’histoire de la rédaction du Pacte des catacombes s’inscrit sur une période longue, au moins antérieure au Concile, lorsque la vision d’une Église pauvre germait déjà dans l’esprit du Pape Jean XXIII. Ainsi, le 11 septembre 1962, le Souverain Pontife italien affirmait: «en face des pays sous-développés, l’Église se présente telle qu’elle est et veut être : l’Église de tous et particulièrement l’Église des pauvres» (Message-radio à tous les fidèles chrétiens à un mois du Concile œcuménique Vatican II).
L’impulsion semble toutefois être donnée par Dom Helder Camara. C’est d’ailleurs lui qui présente à la presse le manifeste spirituel, avant qu’il ne soit publié en janvier 1966 par les “Informations catholiques internationales”. Il s’agit aussi du fruit d’un travail collectif, auquel ont participé le père Paul Gauthier, venu au Concile comme expert de Mgr Georges Hakim, et Mgr Grégoire Haddad, évêque grec-melkite de Beyrouth, surnommé “l’Abbé Pierre de l’Orient”.
Postérité
Le Pacte des catacombes est peu connu, mais son influence a été forte dans l’Église après le Concile Vatican, notamment en Amérique Latine. Le père Joseph Comblin a considéré cet événement comme l’apparition d’un «nouveau franciscanisme» dans cette région du monde. Il fait aussi partie des initiatives qui ont influencé la Théologie de la libération.
Plus généralement, en suivant les 13 points de ce texte, des centaines d’évêques catholiques se sont efforcés de suivre la voie de la pauvreté évangélique, entraînant aussi les Églises locales qui leur étaient confiées sur ce chemin. Leurs successeurs ont souvent choisi de poursuivre dans ce sillage. Aujourd’hui, le pape François, qui étudiait la théologie à Buenos Aires à la fin du Concile, incarne au plus haut niveau de l’Église, et depuis le début de son pontificat, l’esprit du Pacte des catacombes. Le 16 mars 2013, trois jours après son élection, il affirmait devant la presse: «Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres !». Il n’a cessé, depuis, de traduire cette volonté en paroles et en actes.
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