Les chantiers qui attendent la Croatie à la présidence du Conseil de l’UE
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Prendre la tête du Conseil de l’Union Européenne: c’est la première fois que cette mission incombe au dernier pays à avoir rejoint l’UE, en juillet 2013. «La présidence est un moment important pour la Croatie, a déclaré le 9 janvier dernier le premier ministre du pays. Elle complète notre cycle historique qui va de l'indépendance à une forte affirmation en Europe et dans le monde. Nous nous sentons honorés et nous ressentons une grande responsabilité de pouvoir travailler au profit de tous les citoyens de l'Union au cours des six prochains mois tout en promouvant et en présentant nos spécificités et nos priorités», a ajouté Andrej Plenković depuis Zagreb. Le nouveau rôle régional du pays balkanique intervient en même temps qu’un tournant politique intérieur. Le 5 janvier dernier, le social-démocrate Zoran Milanovic a en effet remporté les élections présidentielles face à la présidente sortante, la conservatrice nationaliste Kolinda Grabar-Kitarovic.
Brexit, budget, Balkans
Jusqu’en juin prochain, la Croatie devra affronter plusieurs défis, à commencer «par l'organisation de la relation entre l'Union et le Royaume-Uni» après le Brexit, qui devrait devenir effectif le 31 janvier. C’est ce qu’expliquait au début du mois le ministre croate des Affaires étrangères. L'autre dossier majeur sera la négociation du cadre financier pluriannuel 2021-2027 (CFP, le budget de l'Europe).
Il s’agira aussi de clarifier la situation des pays des Balkans de l'Ouest voulant rejoindre le bloc européen, en vue d’une Europe à 27 États membres. Pour l’heure, seules la Serbie et le Monténégro sont dans le processus de négociation pour rejoindre l'UE. L'Albanie et la Macédoine du Nord attendent toujours de commencer leurs pourparlers d'adhésion, qui ont été bloqués par la France et d'autres pays lors d'un Conseil européen en octobre. Le Kosovo et la Bosnie sont quant à eux largement à la traîne.
Un programme conforme aux enjeux nationaux
Mais ces dossiers incontournables n’ont pas empêché la Croatie d’annoncer les sujets qu’elle estime prioritaires pour l’Europe, et qui constituent sa propre feuille de route. Comme l’explique son slogan, la présidence croate vise en effet à défendre "Une Europe forte dans un monde défis". Le pays des Balkans souhaite ainsi se concentrer sur le développement durable, l’économie en réseaux, la sécurité et l’influence de l’Europe dans le monde. Son programme s’appuie donc sur quatre piliers: une Europe «qui se développe», «qui se connecte», «qui se protège» et une «Europe influente».
«Quand on voit les priorités que la Croatie a mises en avant, on sent bien qu’elle a mis en avant des priorités qui le sont pour elle-même», analyse Sébastien Gricourt, directeur de l'Observatoire des Balkans au sein de la Fondation Jean-Jaurès. Un aspect que l’on retrouve toutefois pour chaque pays chargé de la présidence tournante. Sébastien Gricourt donne des précisions sur les perspectives envisageables concernant divers thèmes-clés: l’élargissement, mais aussi les migrations et la natalité.
Ajoutons enfin que le calendrier de la présidence tournante du Conseil de l’UE s'organise ainsi pour les prochains semestres:
Croatie: janvier - juin 2020
Allemagne: juillet - décembre 2020
Portugal: janvier - juin 2021
Slovénie: juillet - décembre 2021
France: janvier - juin 2022
République tchèque: juillet - décembre 2022
(Avec AFP)
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici