Au Nicaragua, un évêque adresse un décalogue éthique aux hommes politiques
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Dans la cathédrale de son diocèse, le 16 février dernier, l’évêque de Matagalpa a proposé un décalogue particulièrement adapté aux circonstances, dans un style clair et direct: «Premièrement, ne pas disqualifier l’autre; deuxièmement: ne pas le critiquer de manière destructive; troisièmement: ne pas le juger de manière erronée; quatrièmement: respecter sa dignité; cinquièmement: respecter sa vie privée, son intégrité et sa vie de famille; sixièmement: respecter les opinions de l’autre; septièmement: reconnaître que nous avons tous besoin l’un de l’autre; huitièmement: chercher toujours les points de consensus; neuvièmement: considérer le Nicaragua comme le plus grand et comme le principal bien commun; dixièmement: surmonter le mal par le bien», a déclaré Mgr Rolando José Alvarez Lagos. Une ligne de conduite éthique et morale destinée avant tout à ceux qui s’impliquent dans la vie politique du pays.
L’intervention du nonce en faveur des prisonniers politiques
Le Nicaragua continue d’être marqué par la violence et les actes d’intimidation. En 2018, la répression des manifestations antigouvernementales a fait au moins 328 morts et 88 000 exilés, selon la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH).
Plus récemment, ni l’annonce d’élections générales en 2021, ni la libération de huit prisonniers politiques de la part du régime du président Ortega n’ont fait redescendre la tension au sein de la population. Les familles des prisonniers politiques continuent à demander la libération sans condition de ces Nicaraguayens détenus dans les prisons du pays. Ils seraient 61, selon l’organisation Alliance civique pour la justice et la démocratie.
Concernant ces remises en liberté survenues le 13 février dernier, Brenda Gutiérrez, présidente du Comité pour la libération des prisonniers politiques, a salué devant la presse locale l’intervention du nonce apostolique, Mgr Waldemar Sommertag. Selon elle, il a été la seule personne en mesure de se faire entendre par le couple à la tête du Nicaragua, à savoir le président Daniel Ortega et Rosario Murillo, vice-présidente. «Il s’agit d’une situation terrible. La liberté n’existe pas. Il semble que nous soyons séquestrés dans notre propre pays», a aussi déploré Brenda Gutiérrez. «Nous ne pouvons oublier ceux qui souffrent injustement en prison», a-t-elle ajouté.
Daniel Ortega pourrait briguer un quatrième mandat
Lorsqu’ils ne sont pas emprisonnés, certains opposants sont directement éliminés. En témoigne le parti d'opposition “Ciudadanos por la Libertad” (CxL), qui a dénoncé ce jeudi la séquestration et l'assassinat par balles de l'un de ses dirigeants, José Lopez, dans le nord-est du pays.
«Trois hommes armés sont venus séquestrer le dirigeant de Ciudadanos por la Libertad José Lopez, 51 ans, pour l'assassiner ensuite», a annoncé le parti dans un communiqué. Les faits se sont déroulés dans la soirée du 17 février à Mulukuku, à 250 kilomètres au nord-est de Managua, est-il précisé.
Le parti CxL fait partie de groupes nicaraguayens envisageant de se réunir dans la grande coalition d'opposition qui sera lancée mardi 25 février prochain, en vue des élections générales de 2021. Le parti sandiniste au pouvoir n'exclut pas de présenter l'actuel président Daniel Ortega, pour un quatrième mandat consécutif, malgré les graves violations des droits humains qui lui sont reprochées par ses opposants. Président de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale durant la première période de la révolution sandiniste, de 1979 à 1985, Daniel Ortega a été président de la République nicaraguayenne de 1985 à 1990, et il l’est à nouveau depuis le 10 janvier 2007.
(Avec Fides et AFP)
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