La rencontre de Bari, une démarche d’unité pour les Eglises de la Méditerranée
Cyprien Viet - Bari
La capitale des Pouilles, ville ouverte sur la Méditerranée, accueille cette semaine une réunion au format inédit, une sorte de mini-synode réunissant environ 60 évêques, parmi lesquels le Pape François en personne qui rejoindra les participants dimanche matin, pour la conclusion des travaux.
L’espace méditerranéen, autrefois uni autour du concept de «Mare Nostrum» au temps de l’Empire romain, se trouve en effet douloureusement fracturé entre des territoires prospères et d’autres qui se trouvent plongés dans le chaos, la guerre et le misère. Les participants à la réunion, qui viennent d’une vingtaine de pays, de la Libye à la France en passant par l’Espagne, la Syrie ou encore la Grèce, pourront partager leurs expériences sur des thèmes comme la transmission de la foi aux jeunes générations et le rapport entre l’Eglise et la société. Au-delà des prises de parole en réunion, les participants seront aussi invités à s’immerger dans les réalités locales de Bari. Vendredi soir, chaque évêque sera ainsi envoyé dans une paroisse de la capitale des Pouilles pour y célébrer la messe.
Le «défi enthousiasmant» de la transmission de l’Evangile
Dans son allocution d’ouverture, ce mercredi, le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la conférence épiscopale italienne, est revenu sur les principaux défis, parfois contradictoires, qui secouent les sociétés méditerranéennes, notamment la cohabitation entre croyants de différentes religions, mais aussi la sécularisation qui transforme profondément certaines villes du nord du Bassin méditerranéen. Mais même si de nouveaux langages restent à trouver pour réellement mettre en œuvre les indications du Concile Vatican II, porter «l’annonce de l’Evangile» dans notre culture moderne représente «un défi enthousiasmant», a insisté le cardinal Bassetti.
La question des migrations est évidemment centrale. Il ne s’agit pas seulement d’un problème statistique, lié à l’angoisse de voir partir les forces vives d’un territoire ou de voir arriver de nouvelles populations, mais c’est d’abord un défi spirituel. «Le pauvre, qui part ou qui décide de rester, qui arrive ou qui, trop souvent, meurt durant le voyage ou connait des injustices indicibles, c’est le Christ qui émigre, reste, souffre, frappe à nos portes», a averti le cardinal Bassetti.
Un défi œcuménique et interreligieux
Dans cet espace fracturé, le travail conjoint entre les Eglises est absolument nécessaire. Cet effort s’est manifesté à Bari déjà en juillet 2018 avec une rencontre œcuménique en présence du Pape et de nombreux responsables d’Eglises orientales catholiques et orthodoxes. Et le dialogue interreligieux est aussi un axe essentiel, les balises posées par le Document d’Abou Dhabi apportant des outils pour une reconnaissance de la pleine citoyenneté de tous, y compris les chrétiens dans des pays à majorité musulmane.
En rappelant qu’il n’existe pas d’alternative au dialogue et à la fraternité, le cardinal Bassetti a évoqué les martyrs de la Méditerranée, notamment le frère Christian de Chergé, prieur de Tibhirine assassiné en 1996, au terme d’une vie offerte à l’Algérie, et béatifié en 2018. Le président de la conférence épiscopale italienne a conclu son discours en citant ces mots de l’ancien chef du gouvernement italien Aldo Moro, assassiné en 1978 : «Peut-être que le destin de l’homme n’est pas de réaliser pleinement la justice, mais d’avoir toujours faim et soif de la justice.»
«Que cette faim et cette soif de la justice soit toujours présente en nous», a conclu le cardinal italien.
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