Une paroisse d'Anvers toujours aux côtés des exclus
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Construite dans les années 1930, l'église du Sacré-Coeur de Jésus rappelle la basilique homonyme de Paris. Sa coupole accueille maintenant, deux fois par semaine, les mardis et jeudis après-midi, entre une trentaine et une cinquantaine d'exclus: sans-abris, toxicomanes ou sans-papiers. D'habitude, ils sont accueillis dans un local attenant à l'église, mais qui est trop exigu pour recevoir autant de monde en respectant les règles de distanciation prises à cause de la pandémie qui frappe durement le pays. C'est ainsi qu'ils ont passé, depuis plusieurs semaines, le seuil de l'église, certains «pour la première fois» précise Niek Everts, assistante paroissiale depuis 18 ans au sein du Radeau, la structure d'accueil.
Le visage d'une «Église unifiée»
«Ils sont impressionnés par les lieux, ils sont tout fiers que la porte soit ouverte pour eux», confie-t-elle. Ils viennent y trouver un peu de réconfort, un peu de chaleur humaine, une oreille attentive. Le tout, en respectant bien sûr les règles sanitaires de base: «on leur demande de se laver les mains et de garder leur distance,» explique Niek Everts. Ensuite, «on leur sert du café, des gâteaux, on essaie de les écouter» poursuit-elle. Chacun y va de son histoire, parfois juste pour raconter ce qu'ils ont fait dans la journée, d'autres fois pour demander conseil ou réclamer de l'aide. Les volontaires du Radeau essaient alors de trouver une solution.
Ce travail de proximité est d'autant plus utile et nécessaire en période de confinement. Ces gens «ont l'habitude d'aller dans la rue pour chercher à manger, pour mendier, se rencontrer ou pour trouver de la drogue. Avec les nouvelles règles, c'est plus difficile», constate l'assistante paroissiale. Pour la paroisse aussi, la situation n'est pas simple. La majorité des membres du Radeau sont des personnes âgées qui restent confinées chez elles. Heureusement, ils reçoivent de l'aide d'autres structures du diocèse d'Anvers qui viennent leur prêter main forte. «Cela donne du courage et montre que l'Église est unifiée et cela, c'est formidable pour nous» se réjouit Niek Everts.
Pas de dernier au revoir
«Ce qui est difficile ce sont les funérailles, reconnaît l'assistance paroissiale: d'habitude, ce sont les gens de la rue, les assistantes sociales, les infirmières, les docteurs qui forment un groupe pour dire au revoir aux morts. Mais il y a trois semaines, un sans-papier est mort et personne n'a pu venir aux funérailles, et cela, c'était très très triste».
Pour ces exclus, respecter les normes est une épreuve de plus: «les gens en ont marre de respecter les distances» constate Niek Everts. «Mais en même temps, confie-t-elle, cette situation nous fait sentir tous plus égaux, que l'on soit travailleur social ou personne de la rue. Nos rencontres avec eux deviennent plus profondes. On se sent davantage frères et sœurs et l'amitié entre nous est plus forte».
Du point de vue de son action, Niek Everts considère qu'elle a encore plus de sens maintenant qu'elle est reconnue comme «essentielle». «Vivre avec les sans-abris c'est vivre avec Dieu. J'espère que nos activités sont plus que jamais au cœur de l'Église et pas en marge. C'est mieux pour elle de se confronter à la vie dans ce qu'elle a de cru que de rester enfermée sur elle-même».
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