Première ordination d’un diacre indigène dans un diocèse de l’Ouest du Brésil
Le diocèse de l’Alto Solimões, qui s'étend dans la partie la plus occidentale de l'Amazonie brésilienne, dans un triangle coincé entre la Colombie et le Pérou, a enfin récolté récemment l'un des premiers fruits d'une évangélisation plus que centenaire. Ces dernières semaines, le premier diacre indigène permanent a été ordonné : il s’appelle Antelmo Pereira Ângelo, et il appartient à la tribu Tikuna, la plus grande du Brésil. L'ordination a eu lieu dans l'église Saint-François d’Assise, à Belem do Solimões, le village considéré comme le centre spirituel de la tribu, par l'évêque, Mgr Adolfo Zon Pereira.
Les Frères Mineurs Capucins d'Ombrie travaillent depuis 1909 dans cet immense diocèse (131.600 km2 avec une population de 216.000 habitants, dont 38% d'indigènes) Ils travaillent depuis de nombreuses années pour l'implantation de l'Église au sein de la tribu, qui, bien qu'elle ait accueilli certains éléments de la culture occidentale, n'a pas renoncé aux particularités tribales, comme la langue, les fêtes et autres particularités que les missionnaires contribuent à maintenir vivantes, y compris avec un Festival qui les a revigorés et en a élevé d'autres.
Certaines de ces traditions ont été intégrées dans le rite de la consécration diaconale, comme les chants, les danses, les colliers faits de graines, de dents d'animaux, de coquillages, d'escargots, ainsi que les bracelets faits de fibres végétales et d'une natte préparée par les femmes avec l'écorce du palmier Capinuri dont on obtient un tissu fibreux – le tururi - qui est également utilisé pour les vêtements de forme circulaire, comme un symbole typique de protection contre toutes les forces de la nature.
Un diocèse qui veut encourager les laïcs et les vocations locales
«Le diocèse, composé de huit paroisses et de 250 communautés, est entre les mains des laïcs : les catéchistes, les responsables des communautés, pour lesquels il existe une formation spécifique, organisent la catéchèse, réalisent la préparation aux sacrements, animent la liturgie de la Parole. Et ils sont proches des gens aussi dans les besoins concrets, précise Mgr Zon Pereira. Sans les laïcs, il n'y aurait pas d'Église en Amazonie. Depuis que j'ai été nommé évêque de l’Alto Solimões, en 2015, je réfléchis beaucoup sur le sens de la réalité de la première évangélisation. Ce n'est que maintenant que je comprends le contenu des livres que j'ai lus lorsque j'étudiais la théologie. La première évangélisation a un point de départ fondamental : être présent. Il est impossible de semer l'Évangile sans ce premier fait : être présent, toucher la réalité. Ce n'est qu'en touchant la réalité que nous pouvons écouter Dieu nous parler. Le problème est de trouver parmi ces gens des personnes prêtes à se dépenser pour le Seigneur.»
La réponse que l'évêque attend pourrait venir de quelques jeunes filles qui se préparent à une forme de vie consacrée "amazonienne". Ce serait le meilleur fruit du Synode sur l'Amazonie et la réalisation du désir du Pape : une Église au visage amazonien qui requiert la présence stable de dirigeants mûrs et dont l’autorité est reconnue, «qui connaissent les langues, les cultures, l'expérience spirituelle et la manière de vivre en communauté dans des lieux différents, tout en laissant place à la multiplicité des dons que l'Esprit Saint sème en chacun.»
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