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Un médecin iranien accompagnant un malade du Covid-19 au Masih Daneshvari Hospital, à Téhéran Un médecin iranien accompagnant un malade du Covid-19 au Masih Daneshvari Hospital, à Téhéran 

Pax Christi demande un allègement des sanctions contre l'Iran

Lettre ouverte de Pax Christi international à Donald Trump. Le réseau catholique pour la paix demande au président américain de revoir sa politique de sanctions à l’égard de pays du Moyen-Orient où le quotidien des populations est déjà précaire, afin qu’ils puissent faire face à la pandémie de Covid-19.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

«Cher président Trump, nous vous écrivons en raison de notre profonde préoccupation pour les gens du Moyen-Orient en cette période de pandémie de Covid-19». Tel est l’incipit d’une lettre ouverte adressée cette semaine au chef d’État américain.

Le président de Pax Christi international et les 120 organisations qui composent le réseau catholique pour la paix s’inquiètent des témoignages qui leur viennent du terrain de pays comme l’Iran ou la Syrie, mais également du territoire palestinien de Gaza, où la vie était «précaire» avant même l’arrivée du virus.  

L’apparition du Covid-19 pousse le mouvement pour la paix à demander au président américain «d’alléger ou de suspendre les sanctions qui ont un impact négatif sur les populations civiles et les autres restrictions qui empêchent les gouvernements de répondre à la crise sanitaire». Pax Christi pointe en particulier les sanctions financières qui bloquent les importations de matériel médical et d’équipement. Le gouvernement américain est appelé ici à aider les populations souffrantes d’Iran, de Syrie ou de Gaza.

Mgr Marc Stenger est l’évêque de Troyes en France et le président de Pax Christi international :

Entretien avec Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi international

Concernant l’Iran, où 3 160 personnes contaminées sont officiellement décédées, Pax Christi souligne que bien avant la pandémie, les sanctions avaient causé un manque de médicaments et d’équipement médical. Le réseau reconnait que des pas ont déjà été franchis en lien avec la Banque centrale d’Iran, permettant le commerce de biens humanitaires, mais il estime que cela n’est pas suffisant. «Ces sanctions américaines compromettent l’ensemble de l’économie iranienne», peut-on lire. Elles rendent les banques et les États «peu enclins à effectuer des transactions avec l’Iran par peur de représailles économiques».

Après la parution de cette lettre, le candidat aux primaires démocrates, l’ancien vice-président Joe Biden a plaidé jeudi pour un assouplissement des sanctions américaines envers l’Iran et les pays touchés par la pandémie, alors que le président américain poursuivait une rhétorique menaçante vis-à-vis de l’Iran qu’il accuse d’être impliqué dans les attaques contre ses soldats en Irak.

«Les conséquences que pourraient avoir le virus en Syrie sont énormes» écrit Pax Christi. Dans le pays en guerre depuis plus de 9 ans, «11 millions de Syriens ont besoin d’une assistance humanitaire». 6,2 millions de déplacés n’ont pas toujours d’abris ou un accès au soin, et le secteur de la santé a été «sérieusement affaibli». Là aussi, les sanctions pénalisent le pays dans ses possibles achats de médicaments et matériel. Pax Christi invite Donald Trump à réagir.

Enfin Gaza, l’enclave palestinienne est sous blocus israélien rendant la situation des Gazaouis «invivable». 50% des médicaments de base seraient déjà manquants selon les Nations unies. La densité de population, le manque d’infrastructures pour acheminer de l’eau, de sanitaires et de personnel médical laisse Gaza «vulnérable face à une apparition incontrôlable du Covid-19» et cela ne serait pas sans conséquence sur Israël, prévient Pax Christi. Le réseau demande aux États-Unis de faire pression sur l’État hébreu pour qu’il laisse entrer des technologies et du matériel médical à Gaza, mais fasse aussi sortir les malades de l’enclave palestinienne pour qu’ils puissent être soignés en Israël. Pax Christi souhaite qu’un proche puisse accompagner le patient surtout s’il s’agit d’un enfant. 

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03 avril 2020, 13:08