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Le linceul de Turin. Le linceul de Turin. 

Le silence du Samedi saint, un jour de folle espérance

En ce jour de silence, dans de la joie de Pâques, les reliques de la Passion du Christ peuvent nous aider à contempler le visage de Dieu. C’est le cas de la Sainte Tunique conservée dans la basilique d’Argenteuil, près de Paris.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Avec le Linceul à Turin, le Suaire d'Oviedo et la Couronne d’épines à Paris, la Sainte Tunique est l’une des principales reliques de la Passion du Christ. Elle est conservée depuis des siècles dans la basilique Saint-Denys d’Argenteuil, à l’ouest de Paris. Elle est particulièrement vénérée comme témoignage de la Passion. Le père Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique, «gardien» de cette précieuse relique, explique que «les reliques se contentent de rappeler les Saintes Écritures». Elles «sont faites pour les hommes qui ont besoin de signes, de toucher et de voir,» même s’il faut se garder de tout fétichisme.

Le silence de Dieu

D’ailleurs, «l’Église n’exalte pas cette souffrance physique de Jésus», précise-t-il. «Le risque, ce serait de cacher la réelle souffrance qui nous est inconnue et qui est celle du Fils de Dieu qui est rejeté par les siens et cela, c’est le mystère que l’on ne peut que découvrir sur la pointe des “genoux” et dans lequel on rentre tout particulièrement après la messe du Jeudi Saint au jardin des Oliviers avec Jésus». «L’Église n’a pas un discours doloriste à ce moment-là. Elle nous montre que Jésus nous a aimés jusqu’au bout : Il ne laisse pas les siens, Il les aime jusqu’au bout de leur humanité» poursuit le recteur.

Le Samedi Saint commémore la descente de Jésus aux enfers. Les chrétiens orientaux ont exploré ce mystère, notamment à travers l’iconographie. En Occident, cette tradition ne s’est pas beaucoup développée. En ce jour de «grand silence», Dieu est absent, caché dans le sépulcre, et l’espérance semble avoir déserté le monde. Il s’agit pourtant d’un moment crucial, sans lequel la joie de Pâques ne peut se vivre pleinement. Le chrétien ne doit donc pas avoir peur de cette obscurité et de ce silence. «Le Samedi Saint, c’est un jour de larmes, de froid» reconnait le père Cariot. Mais ce n’est pas le cas si l’on centre notre regard vers la Vierge estime-t-il.

Marie, Figure de l'attente

«Ici, à Argenteuil, on aime imaginer la Vierge avec la tunique qu’elle a récupérée, sur ses genoux ; ce vêtement autrefois tissé par elle, dans un état lamentable, encore humide de la transpiration et du sang de Jésus, raconte le recteur de la basilique. Mais la Vierge découvre d’une manière nouvelle jusqu’où va la miséricorde. Elle, qui n’a pas besoin de pardon, va aussi se réjouir, exulter pour la miséricorde que son Fils va répandre sur la croix. On peut imaginer la Vierge les mains plongées dans ce vêtement qui comprend la profondeur de l’amour divin. Elle connait le prix du sang de son fils. Oui, tout est accompli et Marie voit aussi l’Église dans cette tunique. Elle sait qu’elle aura encore beaucoup à tisser pour revêtir le corps du Christ qu’est l’Église».

«Ce Samedi Saint est un jour de folle espérance. Jésus descend aux enfers mais c’est un cri de libération : même la mort est vaincue. Et Marie le comprend de l’intérieur. Elle comprend aussi que pour elle aussi, la mort n’aura aucune emprise,» explique le père Cariot. C’est pourquoi il ne faut pas avoir peur, même si «tout le monde a le droit d’avoir peur» ajoute-t-il. Dieu est toujours à nos côtés et nous dit lui-même de ne pas avoir peur. «En ce Samedi Saint, c’est avec Marie qu’il faut vivre cela, et avec l’Église née aussi de ce mystère du Samedi Saint comme la présence priant auprès de tous ceux qui souffrent, qui ont peur et qui désespèrent»

Entretien avec l'abbé Guy-Emmanuel Cariot

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11 avril 2020, 08:48