Zimbabwe : lettre pastorale des évêques pour les 40 ans d’indépendance
Dans une lettre pastorale diffusée jeudi, les évêques ont rappelé que le Zimbabwe est né d'une faim de liberté due à l'oppression, la pauvreté, le racisme, l'inégalité et la violation de la dignité et des droits humains fondamentaux. C'est pourquoi, soulignent les prélats, l'indépendance du pays a suscité de grands espoirs dans la majorité de la population : espoirs de croissance économique, de tolérance politique, de démocratie participative, de justice, de paix et de réconciliation.
Certes, la ZBC reconnaît certaines des avancées réalisées par le pays, comme dans les domaines de l'économie, de l'éducation et de la santé, mais elle réaffirme en même temps qu'elle ne peut pas fermer les yeux sur la souffrance de la population. «Nous devons reconnaître ce chapitre sombre de notre mémoire nationale» lié à la répression militaire des civils menée par l'armée dans les années 1980 dans la région du Matebeleland et dans certaines parties des Midlands. «Nous avons perdu de nombreuses d'occasions que Dieu nous a données, poursuit le document épiscopal. Nous avons perdu l'occasion, immédiatement après l'indépendance, de redéfinir et de rechercher une voie politique différente de celle que le colonialisme nous avait indiquée. Nous avons perdu l'opportunité de processus nationaux de guérison basés sur la politique de réconciliation.»
Répondre à une soif de réconciliation
La lettre pastorale souligne donc qu'il existe encore une soif de réconciliation dans le pays, pour faire face aux blessures et aux injustices du passé ; pour les évêques, la Commission nationale pour la paix et la réconciliation est un instrument d'espoir pour la population, afin que les conflits internes puissent être résolus. Cependant, pour avoir la pleine confiance de tout le pays, les évêques réaffirment que la Commission doit être réellement opérationnelle, avoir une durée précise et un mandat clair et défini.
Dans le même temps, les prélats invitent le gouvernement à faire face aux défis qui affligent l'économie nationale et qui conduisent au désespoir, en particulier chez les jeunes, et à l'augmentation de la pauvreté chez les citoyens. «Le Zimbabwe a connu une récession économique progressive, qui a entraîné la fermeture d'industries et d'entreprises, la fuite des investisseurs étrangers, la perte d'emplois et le déclin de la productivité agricole, provoquant une escalade des niveaux de pauvreté», regrettent les évêques. Et il en va de même pour le secteur de la santé et le secteur scolaire, en «déclin progressif et brutal».
Lutter contre le coronavirus, une urgence nationale
La Zcbc se penche ensuite sur le Covid-19 et rappelle qu'elle a exhorté le gouvernement à intensifier ses efforts pour lutter sérieusement contre cette pandémie, car le secteur de la santé du pays n'est pas en bon état et il y a un manque d'équipements et de médicaments pour traiter les maladies ordinaires. Maintenant, face au virus, dit la Lettre, «nous avons besoin d'un engagement total et vigoureux pour combattre et prévenir cette pandémie qui, si elle n'est pas gérée avec soin, pourrait signifier la ruine de toute notre nation». «Essayons d'être proactifs et de travailler dur pour sauver des vies», exhortent les évêques.
Enfin, les évêques soulignent la nécessité du dialogue et exhortent les autorités à s'attaquer à la corruption, ainsi qu'à d'autres défis tels que l'isolement international, l'effondrement des infrastructures, l'utilisation injuste des ressources et le chômage, qui entraîne une émigration massive. La lettre pastorale se termine par une prière au Seigneur pour qu'il donne «la compassion aux dirigeants, l'intégrité aux citoyens et la repentance à tous (...) afin de construire une société humaine basée sur l'amour, la prospérité et une paix durable».
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