Aumônier des prisons de Belgique : que les détenus ne soient pas oubliés
Vatican News (avec agence)
«Qu’ils sentent qu’ils ne sont pas oubliés !» : c'est l'appel lancé par l'aumônier national de la Belgique francophone, Fernand Stréber, qui, en cette période de réouverture, braque à nouveau les projecteurs sur un contexte tel que la prison, lieu d'isolement bien avant le début du confinement.
En Belgique comme dans le reste du monde, en effet, il y a plus de deux mois, les contacts avec le monde extérieur ont été suspendus pour tous les prisonniers, à l'exception de ceux qui ont pu bénéficier d'une libération anticipée. Près de dix mille hommes et femmes sont donc restés enfermés derrière les barreaux d'une prison, dans des conditions plus drastiques qu'auparavant.
«Certains détenus ne disposent que de deux fois 45 secondes de contacts humains chaque jour» : le temps de donner les médicaments et de distribuer le repas de midi, se plaint l'aumônier. Au cours des deux derniers mois, en effet, les prisonniers ont été privés des visites de leur famille, ou de celles de leurs avocats, et même les aumôneries ont dû réorganiser leur présence en tenant compte des règlements sanitaires.
L'aumônier raconte notamment la situation de la prison de Marche-en-Famenne : «Nous distribuons aux détenus habitués à participer aux célébrations communautaires, soit le texte d’une homélie, soit un chant ou une prière qui puisse les inspirer. Parfois, j’ai pu parler à certains pendant quelques minutes derrière l’œilleton de la porte. Les détenus apprécient ce contact, ils nous écrivent: Merci pour votre présence! »
Le courrier, dernier lien
La façon dont le courrier est échangé en prison a également changé, et maintenant il se fait presque exclusivement par l'intranet. «Les détenus souffrent, tout autant que les personnes âgées, du manque de contact humain» , précise l’aumônier responsable. Chaque homme ou femme en prison est isolé dans sa cellule 23 heures par jour, et parfois plus s’il renonce à aller au préau par peur de la contagion ou de ne pas pouvoir respecter la distanciation physique. «Ça me manque aussi, reconnaît l’aumônier Fernand Stréber, de ne pouvoir parler avec eux, longuement, en toute confidentialité, au lieu de se regarder en pestiférés.»
Pour que les prisonniers ne se sentent pas oubliés, l'aumônerie de Leuze-en-Hainaut a proposé à des volontaires de correspondre avec les prisonniers par courrier : à la mi-mai, près de 300 lettres avaient été échangées de part et d'autre. En parcourant certaines réponses, il devient évident que les personnes incarcérées peuvent aussi réconforter leurs interlocuteurs de l’extérieur de la prison. Qui purge sa peine de prison a déjà l’habitude d’être privé de liberté, d’être coupé de beaucoup de contacts humains, comme ce que nous avons connu pendant la période de confinement strict.
Expérience de l'isolement
Avant même de devoir se plier à ces mesures sanitaires pour lutter contre la propagation du nouveau virus, les prisons sont parfois fermées aux visites extérieures quand une grève du personnel est déclenchée. L’aumônier de Marche-en-Famenne se souvient par exemple de trois semaines d’affilée en 2016 où les détenus ne pouvaient même pas aller au préau chaque jour. «Ils ont une longueur d’avance sur nous», constate Fernand Stréber.
Depuis le 25 mai, cependant, il y a eu les premières réouvertures partielles : par exemple, il y a eu le retour des avocats dans les prisons. Pendant ce temps, chaque soir à 20 heures, certains prisonniers prient pour tous ceux qui souffrent du Coronavirus : une communion de prière pendant que de nombreuses églises sonnent les cloches à l'unisson.
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