Les religieuses face au coronavirus, comme Marie au pied de la Croix
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le plus dur semble enfin être passé pour les carmélites du Pâquier, dans la paisible région de la Gruyère, en plein cœur de la Suisse. Mi-avril, huit des treize religieuses de ce couvent avaient été testées positives au coronavirus, puis trois d’entre elles hospitalisées. Comme l’a fait savoir l’agence cath.ch le 7 mai dernier, ces dernières sont désormais rentrées au monastère, et l’état de quarantaine a pu être levé, bien que des mesures de précaution continuent de chambouler quelque peu le quotidien d’ordinaire immuable des filles de sainte Thérèse. Même soulagement du côté alémanique de la Suisse, dans le couvent des bénédictines de Fahr, où les cinq sœurs malades, sur une vingtaine de moniales, sont à présent rétablies.
Quand la mort décime des communautés
Si une prise en charge médicale rapide et des mesures strictes d’isolement suffisent souvent à surmonter l’épreuve, certaines communautés sont plus durement touchées, comme de l’autre côté des Alpes, en Italie. «Un calvaire qui semble ne pas avoir de fin», décrivait ainsi un journaliste du quotidien Avvenire dans un article du 22 avril dernier. Sur les plus de 30 000 décès recensés dans le pays, les religieuses ont silencieusement payé un lourd tribu, tout comme les prêtres. Mais en Italie comme dans le reste du monde, on ne dispose pas de statistiques complètes et officielles concernant les chiffres du Covid-19 dans les communautés religieuses.
On devine toutefois qu’ils sont élevés: l’article d’Avvenire cite une dizaine d’instituts, comme les dominicaines de la bienheureuse Imelda, dont sept membres de la communauté de Villa Pace, sur les hauteurs de Bologne, ont été emportées par le coronavirus. Sept sœurs âgées de 82 à 103 ans, dont le départ a été d’autant plus douloureusement vécu que les funérailles ne sont pas encore autorisées dans les diocèses italiens – ce sera le cas à partir du 18 mai prochain. Les communautés comptant davantage de sœurs anciennes sont bien sûr plus vulnérables et peuvent devenir des foyers épidémiques, comme ce fut le cas en mars pour la maison généralice des Filles de Saint Camille, à Grottaferrata, près de Rome: 40 religieuses de cette congrégation dédiée au soin des malades ont été contaminées. La situation semble aujourd’hui s’améliorer.
Des situations éprouvantes
D’autres communautés des Filles de Saint Camille sont en première ligne dans la pandémie, étant impliquées dans la gestion d’hôpitaux à Rome, Trente, Trévise, Brescia et Crémone. Une mission qui leur donne de vivre pleinement le 4e vœu propre à la famille camillienne: soigner les malades jusqu’au don de sa propre vie. Bien d’autres sœurs à travers le monde se dévouent actuellement au soin de leur prochain suivant le charisme de leur congrégation, dans les établissements de santé, les maisons de retraite ou à domicile, y laissant parfois leur vie, mais il n’est guère possible d’être exhaustif dans ces lignes… Que les quelques exemples précédents suffisent à élargir notre cœur pour penser à chacune d’elles.
Et du milieu de cette souffrance endurée de manière «cachée avec le Christ en Dieu» (Col 3,3), des cris de détresse s’élèvent, venant par exemple d’établissements qui accueillent des religieuses dites “en retraite”. C’est le cas de la résidence des sœurs de la Providence, au Québec. Confrontées à «une éclosion de Covid-19 dont le nombre de cas explose de jour en jour, elles demandent des renforts qui ne viennent pas, note une journaliste du Devoir. Celles qui ont passé leur vie à soigner les plus vulnérables se sentent aujourd’hui abandonnées par le système». L’aide financière et humaine leur fait cruellement défaut.
En France, les Petites sœurs des Pauvres ont elles aussi appelé à l’aide, afin de pouvoir exercer leur apostolat, principalement auprès de personnes âgées démunies. Depuis le début du confinement, l’impossibilité de quêter à la sortie des églises ou des supermarchés a de lourdes conséquences sur leurs ressources. À Rennes, Nantes et Caen, les religieuses héritières de sainte Jeanne Jugan ont donc lancé un appel aux dons… en nature. «Café, thé, biscottes, confiture, papier toilette, riz, pâtes, biscuits secs et tout autre produit de première nécessité», détaille sœur Mary-Joseph, supérieure de la communauté de Nantes.
Service et intercession
Plus largement, le défi de la baisse des ressources financières se pose avec acuité pour les religieuses, que leur charisme soit apostolique ou contemplatif. Les hôtelleries des communautés monastiques sont par exemple fermées, des ateliers dont elles tirent la majeure partie de leurs revenus sont à l’arrêt – c’est le cas de la chocolaterie des cisterciennes de Notre-Dame du Val d’Igny (Marne) -, les magasins permettant d’écouler leurs produits gardent portes closes. La reprise se fera au rythme de l’évolution des mesures de confinement, mais les communautés enregistreront des pertes et devront certainement puiser dans leurs réserves.
Certaines ont toutefois eu la possibilité d’adapter leur production, pour répondre aux fortes demandes du moment… Ainsi de nombreuses communautés se sont-elles lancées dans la production de masques destinés aux médecins et aux habitants de leur ville, comme les carmélites de Carpineto Romano – près de Rome -, les Filles de la Charité d’Al Hoceïma (Maroc) ou encore les sœurs de la Consolation à Draguignan (France). En Italie, les cisterciennes trappistes de Valserena, produisant d’ordinaire des produits cosmétiques, comptent désormais dans leur gamme des solutions hydroalcooliques.
Un autre service, invisible mais inestimable, est rendu par les communautés religieuses: celui de l’écoute et de la parole. Réception d’appels téléphoniques, d’e-mails, de visites spontanées… Pour entamer un dialogue, porter des demandes de prière, offrir un conseil ou un geste d’entraide, si précieux en cette période de confinement. Pour proposer du sens à ceux qui n'en trouvent plus, pour orienter discrètement vers Celui qui est «le Chemin, la Vérité, la Vie». Cette forme d’apostolat fondé sur l’hospitalité, qui ne connaît aucune barrière sociale, place aujourd’hui les communautés, peut-être avec plus de poids qu’hier, au cœur d’un vaste réseau de solidarité.
«Seul l’amour est une force de création», soulignait saint Maximien Kolbe. C’est bien cette force de l’amour, fruit de la grâce de Dieu conjuguée à une prière fidèle, qui donne aux religieuses du monde entier de traverser l’épreuve avec inventivité, mais surtout courage et abnégation, quel que soit leur cadre de vie. Guidées par Marie, Mère de l’Église, qui la première a reçu le sacrifice de son Fils dans l’espérance bientôt accomplie de sa Résurrection, ces sœurs marchent avec nous, «pour la Gloire de Dieu et le salut du monde». Puissent-elles entendre un jour notre gratitude.
La vie est beauté, admire-la
La vie est félicité, profites-en
La vie est un rêve, réalise-le
La vie est un défi, relève-le
La vie est un devoir, fais-le
La vie est un jeu, joue-le
La vie est précieuse, soigne-la bien
La vie est richesse, conserve-la
La vie est amour, jouis-en
La vie est un mystère, pénètre-le
La vie est une promesse, tiens-la
La vie est tristesse, dépasse-la
La vie est un hymne, chante-le
La vie est un combat, accepte-le
La vie est une tragédie, lutte avec elle
La vie est une aventure, ose-la
La vie est bonheur , mérite-le
La vie est la vie, défends-la
Sainte Mère Teresa de Calcutta.
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