Durant la crise, le sanctuaire de Lourdes, «poumon de la prière» dans le monde
Entretien réalisé par Antonella Palermo - Cité du Vatican
Le 30 mai à 17h30, heure de Rome, les plus grands sanctuaires des cinq continents seront reliés en mondovision à la Grotte de Lourdes des Jardins du Vatican, où le Pape François priera le chapelet pour confier l'humanité entière au Seigneur. Une initiative promue par le Conseil Pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, sur le thème suivant: «Assidus et unis d'un seul cœur dans la prière, avec Marie».
Parmi les sanctuaires reliés, celui de Lourdes, où les chapelains n'ont jamais cessé de se rassembler devant la Grotte où la Vierge est apparue à Bernadette Soubirous, pour se faire entendre des nombreux pèlerins qui ne pouvaient se rendre en France, en ce lieu plein de spiritualité et de dévotion.
Le père Nicola Ventriglia, aumônier des pèlerins italophones à Lourdes, décrit le climat qui règne aujourd’hui au sanctuaire:
Père Ventriglia: L'atmosphère est toujours belle à Lourdes, et ces jours-ci encore plus. Grâce au déconfinement en France, nous avons à nouveau des pèlerins qui entrent et se «réapproprient» lentement la Grotte, que nous avons essayé de conserver du mieux que nous pouvions au cours de ces deux mois.
Comment désormais peut-on accéder au sanctuaire?
L'important est de respecter la distanciation physique et de porter des masques. Au début, on nous avait demandé de fixer un nombre limité d’entrées. Mais ensuite, le préfet a considéré qu'après tout, comme lieu de culte, le sanctuaire est un grand jardin, la Grotte est un sanctuaire en plein air, et donc été décidé de ne pas fixer de nombre maximum. Le pic des présences se situe entre 350 et 400 personnes par jour, surtout au moment du chapelet de l'après-midi. Dans un premier temps, nous étions ouverts de 14 à 18 heures, depuis le 27 mai, le sanctuaire est ouvert de 8 heures à 18 heures. Ce matin, lors de la messe de 10 heures, il y avait au moins une centaine de personnes.
Le nombre de bénévoles qui vous aident à gérer le flux a-t-il augmenté?
Nous avons eu une réunion avec les personnes compétentes qui nous ont donné des instructions sur la manière dont nous devions nous comporter. Des volontaires y ont participé. Dans cette première phase, il y a les religieuses, des jeunes du Service civique italien, et les hospitaliers. Il y a beaucoup de gens qui m'appellent d'Italie et qui voudraient venir m'aider, mais ce n'est pas à nous de le faire, bien sûr. Tant qu'ils ne rouvriront pas les frontières, ce n'est pas possible. Nous sommes bien préparés pour assurer une présence en toute sécurité. Je vois que les gens sont très courageux et disciplinés.
L'accès aux piscines est-il autorisé?
Pas encore. Maintenant, il est autorisé de prendre de l'eau. Durantr cette période où il faut faire attention à la désinfection, il y a quatre ou cinq robinets où l'eau coule en continu et où l'on peut puiser: on évite ainsi que tout le monde touche au robinet, ce qui pourrait créer des risques.
Comment vous préparez-vous à la prière du chapelet présidée ce 30 mai par le Pape François depuis la Grotte de Lourdes des Jardins du Vatican?
Pour nous, c'est une grande joie, un encouragement. C'est comme si le Saint-Père était ici avec nous. Nous allons mettre en place un grand écran. Nous, les aumôniers, serons tous à la Grotte pour prier en harmonie avec le Pape. Ce rendez-vous est un peu comme le sceau de la fin d'une longue pause dans les pèlerinages, où nous étions les seuls à prier de 7 heures du matin jusqu'à 20h30. Nous nous sommes sentis comme Moïse, les mains levées, priant pour toute l'humanité. Nous nous sommes sentis comme les poumons de la prière dans le monde. Nous ne pouvions que prier pour ceux qui auraient aimé être ici. Nous sommes arrivés à 1 500 pages d'intentions de prière par jour. Nos cœurs étaient pleins d'émotion. Nous avons senti l'iceberg de tous ces gens de Dieu qui voulaient être ici et, ne pouvant pas venir, nous ont demandé de prier pour eux. Ce lieu a sa propre vocation qui vient de la présence de Marie en 1858, rencontrant 18 fois la petite Bernadette. Le sourire de Marie, qui a permis à Bernadette de vivre sa vie les pieds sur terre, je voudrais qu'il soit transmis à tous ceux qui regardent cet endroit.
Qu'avez-vous envie de dire à ces personnes qui ne peuvent pas trouver la paix parce qu'elles ont perdu un membre de leur famille dans la pandémie?
Ne pas avoir eu la chance de dire au revoir à ses proches, en leur disant «Je t'aime» pour la dernière fois, est une douleur qui demeure, et dont il est difficile de guérir. Mais cette maladie n'est pas une punition de Dieu. Qui sait au contraire que le Seigneur n'a pas voulu nous enseigner, comme il le fait toujours, et si nous étions attentifs, qui sait combien de belles choses nous avons comprises. Comme l’a dit le prédicateur de la Maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa, dans sa catéchèse du Vendredi Saint: si nous sommes attentifs, cette pandémie nous a appris à vivre la vie et à la vivre en chrétiens.
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