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Manifestation à Manille le 4 juin 2020 contre la nouvelle loi antiterroriste. Manifestation à Manille le 4 juin 2020 contre la nouvelle loi antiterroriste.  

Philippines: la nouvelle loi antiterroriste inquiète les Églises

Examiné par la Chambre des représentants à partir du 6 juin, le nouveau texte prévoit de renforcer la répression de la lutte contre le terrorisme mais pourrait être utilisé pour réduire encore plus les libertés civiles, alertent les responsables chrétiens de l'archipel.

Vatican News 

Les Églises chrétiennes des Philippines se joignent aux préoccupations exprimées par les partis d'opposition concernant la nouvelle loi antiterroriste présentée au Congrès. Le projet de loi doit être examiné par la Chambre des représentants à partir du 6 juin. Il a déjà provoqué des manifestations importantes dans le pays, de nombreux Philippins y voient en effet une réduction des libertés publiques. Le texte prévoit de renforcer la répression de la lutte contre le terrorisme, notamment en étendant à deux semaines la possibilité de détention préventive, de contrôle des citoyens et de détention des suspects.

Dans une une déclaration commune signée, entre autres, par Mgr Broderick Pabillo, l'administrateur apostolique de Manille et Mgr Gerardo Alminaza, évêque de San Carlos, rapporté par le site des évêques philippins Cbcpnews - les Églises chrétiennes voient dans le nouveau texte «les jours sombres de la loi martiale du dictateur Marcos». Selon les signataires, la future loi risque de piétiner «insidieusement» les droits de l'homme et se prête à des abus. «Ce projet de loi va provoquer un nouveau rétrécissement de l'espace démocratique et un affaiblissement du débat public préjudiciable à notre nation», s'inquiètent les dirigeants chrétiens.

Les responsables chrétiens philippins sont particulièrement préoccupés par la définition vague et large du terrorisme, qui pourrait être utilisée pour attaquer la dissidence et fouler aux pieds les droits de l'homme et les libertés civiles, par l'affaiblissement du système judiciaire et de la séparation des pouvoirs, par l'extension de la surveillance des citoyens et la limitation de la vie privée qui en découle et par la suppression des réparations accordées aux citoyens arrêtés sur la base de fausses accusations, ce qui risque d'accroître l'impunité des forces de l'ordre lorsqu'elles commettent des abus. Pour ces raisons, les dirigeants chrétiens exhortent les citoyens et tous les chefs religieux à s'exprimer contre le projet de loi.

S'occuper des véritables problèmes 

Plusieurs voix s'élèvent dans le pays, comme celles de Mgr Arturo Bastes, évêque émérite de Sorsogon, pour demander au Congrès de s'attaquer aux vrais problèmes des citoyens philippins, à commencer par la crise du Coronavirus. «Nos pauvres gens ont besoin de lois positives pour les aider à vivre en paix et dans la dignité», a déclaré le prélat, appelant au rejet de ce qu'il a qualifié de «loi dangereuse».

Pour Mgr Alminaza, la nouvelle loi pourrait même affecter la mission prophétique de l'Église. «Nous pensons que ces mesures violent encore davantage le droit à un procès équitable, contribuent à réduire les espaces démocratiques et favorisent la culture de l'abus de pouvoir par les autorités», s'est inquiété le prélat. 

Cette loi antiterroriste sera discutée alors que les Nations-Unies viennent par ailleurs de rendre un rapport très sévère sur les dérives autoritaires de l'appareil sécuritaire philippin., en particulier dans sa lutte contre le traffic de drogue. La Cour pénale internationale (CPI), avait ouvert en février 2018 une enquête préliminaire sur les violences commises dans le cadre de cette répression féroce du trafic de drogue. En réaction, le président philippin Rodrigo Duterte s'était retiré du traité de Rome, fondateur de la CPI. 

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05 juin 2020, 10:47