Pandémie: l'engagement pour la paix des évêques de Colombie
Giada Aquilino - Cité du Vatican
“Au service de l'Évangile, pour l'espérance du monde”, tel est le thème de la 110e Assemblée plénière de la Conférence épiscopale de Colombie (CEC), qui débute ce lundi 6 juillet. Les évêques se retrouveront via des connexions à distance depuis les 77 diocèses du pays, conformément aux mesures visant à contenir le coronavirus qui a déjà fait plus de 106 000 cas et plus de 3 600 décès en Colombie. Les prélats se concentreront en particulier sur les actions pastorales menés dans cette période de crise sanitaire.
Une aide bienvenue en temps d’épreuve
Mgr Elkin Fernando Álvarez Botero, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Colombie et évêque auxiliaire de Medellín, tient à remercier le Pape François au nom de toute l’Église colombienne. Le Saint-Père, qui a visité le pays il y a trois ans, a envoyé récemment trois respirateurs destinés aux hôpitaux de Soacha, une zone métropolitaine de Bogota, «très pauvre et très peuplée» et «où sont installés tant de migrants et de pauvres qui viennent d'autres villes de Colombie». L’évêque évoque aussi l'augmentation de la violence et des menaces contre les leaders sociaux et les peuples indigènes de l'Amazonie, fortement menacés par la pandémie. Mais Mgr Álvarez Botero résume d’abord le déroulement de l’assemblée plénière:
Pour le moment, en Colombie, il n'est pas permis de voyager entre les villes et il n'y a pas de vols, donc nous avons décidé d’effectuer le travail de manière virtuelle, par le biais de connexions Internet. Pour cette 110e assemblée plénière, l'élection du directeur de la Conférence était à l’ordre du jour: en ce temps de pandémie, la Congrégation pour les évêques nous a informés qu'il n'est pas possible de procéder de cette manière, car dans les statuts il y a un vote secret qui, avec ces moyens, ne peut être garanti avec certitude. Nous allons donc maintenant vivre l'assemblée avec des liens virtuels et, lorsque les réunions pourront se tenir avec une présence physique, des élections auront lieu.
Le thème est “Au service de l'Évangile, pour l'espérance du monde. Comment comprendre la mission de l'Église dans le pays en cette période d'urgence?
Nous avons choisi ce titre en pensant à la place des évêques et de l'Église en Colombie en ce moment. Nous voulons réfléchir sur toutes les réalités qui ont changé ces derniers mois et sur ce que l'Église doit faire au niveau pastoral pour continuer à annoncer l'Évangile et l'amour de Dieu, afin que le monde et la Colombie puissent concrètement avoir l'espoir d'aller de l'avant au niveau social et aussi ecclésial.
Comment l'Église s’est-elle engagée ces derniers mois face au coronavirus et continue-t-elle à l'être?
Nous pourrions résumer l'engagement dans trois domaines. Au niveau de la liturgie et de la célébration des sacrements, nous n'avons jamais cessé d’être engagés, dans le sens où tous les diocèses ont trouvé des moyens de continuer à travers Internet, en réalisant également d'autres initiatives pour grandir davantage dans le sens de la communauté. Le deuxième domaine est celui de la solidarité, à travers les œuvres de charité de l'Église, qui se sont poursuivies et ont été mises en œuvre ces jours-ci: l'action de la banque alimentaire a été très importante; elle a fait un grand travail surtout pour les personnes qui n'ont rien, même pas la possibilité de trouver le nécessaire pour la subsistance minimale. Troisièmement, nous avons mis en œuvre des actions et des valeurs qui peuvent éclairer cette période difficile, en particulier pour les familles, en continuant à avoir un impact dans différents domaines de la société et en ce qui concerne les décisions du gouvernement. Le travail pour la paix n'a jamais cessé, se poursuivant ces jours-ci selon les possibilités, sans interrompre l'engagement de réconciliation ou les contacts pour faire avancer le dialogue avec les groupes armés.
Dans cette situation d'urgence, le Pape a fait don de 3 respirateurs à la Colombie. Comment la population fait-elle face à ce moment difficile?
Nous avons reçu ce cadeau du Saint-Père avec une grande joie. Par l'intermédiaire de la nonciature apostolique, il a été décidé avec l'archevêché de Bogota de donner les respirateurs ainsi que d'autres équipements médicaux aux hôpitaux de la zone sud de la capitale, qui est une zone très touchée par le coronavirus. C'est une aide importante et significative, parce que nous pouvons ainsi sentir la préoccupation du Pape pour le peuple colombien. Et nous le remercions pour cela. À Bogota en particulier, nous avons un déficit de matériel respiratoire, et la thérapie intensive est actuellement occupée à 80 %. Il s'agit donc d'une situation limite. La zone où se trouvent les hôpitaux auxquels nous avons destiné l'aide du Pape est très pauvre et très peuplée, elle s'appelle Soacha et fait partie de la zone métropolitaine de Bogota, où s'installent de nombreux migrants et pauvres qui viennent d'autres villes de Colombie.
Ces derniers jours, plusieurs évêques colombiens ont dénoncé l'effondrement du système de santé, dans les départements du Chocó ou de Nariño, par exemple. Y a-t-il des situations particulières dans le pays qui nécessitent un partage particulier des expériences pastorales afin d'intervenir plus efficacement ?
Ce point sera discuté à l'Assemblée. Le système que nous avons adopté pour les travaux est celui du recueil des expériences de toutes les régions: toutes les situations qui nécessitent un parcours pastoral, une intervention de l'Église, seront mises en commun afin d'élaborer le plan pastoral de la Conférence, car à cette occasion, nous devons également donner vie à un parcours pastoral pour les trois prochaines années, en tenant compte de la pandémie et de ses conséquences. Il y a des situations particulières dans le Chocó ou dans le département de Nariño, à Tumaco et Buenaventura, dans la zone amazonienne, à Leticia et aussi d'autres dans des territoires où il y a beaucoup de maladies contagieuses et des moyens médicaux peu nombreux et précaires.
Parlera-t-on aussi de l'augmentation de la violence et des menaces contre les leaders sociaux et, par conséquent, de l'inquiétude pour les peuples indigènes de l'Amazonie, menacés par le coronavirus et le manque de services de santé efficaces?
Bien entendu, nous avons préparé un document de travail sur ces situations. Il y a l'augmentation de la violence, le manque de services de santé, la poursuite des activités de trafic de drogue, la situation difficile des familles et aussi la poursuite des activités minières illégales dans différents territoires de l'Amazonie. Nous devons également faire un parcours pastoral pour dénoncer: la mission propre à l'Église est d'aider et d'éclairer la voie à suivre pour sortir de ces situations.
Lors de la dernière assemblée plénière, vous vous êtes concentrés sur la manière de former une conscience de responsabilité envers la Création: qu’en est-il en ce moment de pandémie?
C'est encore plus urgent et nécessaire en ce moment. Il y a un lien entre tout ce qui se passe et la nécessité de guérir la Création. Nous devons donc poursuivre l'engagement que nous avons pris lors de la dernière assemblée.
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