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Image d'une mine de charbon dans le Wyoming (USA)-Photo d'illustration. Image d'une mine de charbon dans le Wyoming (USA)-Photo d'illustration. 

Plus de 110 évêques s'engagent contre les abus des multinationales

Dans une déclaration publiée ce lundi 6 juillet par le Réseau international d'organisations catholiques œuvrant pour la justice sociale (CIDSE), les prélats demandent la mise en place de législations contraignantes afin de responsabiliser les entreprises qui n'œuvrent pas à développer la "dignité et la justice".

Vatican News

Plus de 110 évêques du monde entier ont signé une déclaration ce lundi 6 juillet relayée par le Réseau international d'organisations catholiques œuvrant pour la justice sociale (CIDSE), basé à Bruxelles. Un texte dans lequel ils invitent les entreprises, spécialement les multinationales, à œuvrer à plus de justice sociale et environnementale. Cette déclaration, intitulée «Aujourd’hui plus que jamais, un devoir de diligence s’impose dans la chaîne d’approvisionnement afin de mettre un terme aux abus commis par les entreprises et de garantir une solidarité mondiale» dénonce les abus commis par les entreprises au détriment des populations et invite les États à mettre un terme à cette situation en introduisant des mesures contraignantes au niveau national, mais surtout au niveau international et régional.

Pour les prélats, il est important de rendre ces entreprises juridiquement responsables. Les évêques estiment que nos économies devraient appliquer des valeurs de dignité et de justice, dans le respect des droits humains et environnementaux. Les abus commis par les entreprises sont monnaie courante et la crise de la Covid-19 n’a fait qu’exacerber cet état de fait, en particulier pour les communautés les plus vulnérables qui ne bénéficient d’aucune protection sociale, regrettent-ils. «Cette pandémie a mis en évidence notre interdépendance et désorganisé les chaînes d'approvisionnement mondiales qui relient les usines entre elles par-delà les frontières, démontrant du même coup combien nous dépendons de travailleurs vulnérables qui effectuent un travail essentiel aux quatre coins de la planète», constate la déclaration.

De nécessaires législations adéquates

Les évêques appellent tous les membres de la famille humaine à se montrer solidaires et déclarent qu’à défaut d’une législation adéquate, on ne pourra empêcher les sociétés transnationales de pratiquer l'évasion fiscale, de porter atteinte aux droits humains, d’enfreindre le droit du travail et de détruire des écosystèmes entiers. Les évêques rappellent que les approches sur une base volontaire ont échoué et qu’il ne reste par conséquent qu’une seule solution législative pour protéger les communautés et consacrer le lien entre l’homme et la nature: une loi contraignante réglementant les sociétés transnationales.

Le Commissaire européen à la justice, Didier Reynders, a fait un pas dans la bonne direction en annonçant l’élaboration prochaine d'une législation européenne rendant la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme et d'environnement obligatoire pour les entreprises, note le CIDSE. Cette législation doit faire parti du plan de relance mis en place par l'UE après la Covid-19 et en tant que contribution au «Green Deal» européen.

Porter les efforts aux Nations-Unies

Saluant cette annonce, la déclaration appelle les chefs d’État et de gouvernement à favoriser également une législation contraignante au niveau des Nations Unies en s'engageant dans l’actuel processus de négociation d’un Traité contraignant de l'ONU en faveur des droits de l'homme. La déclaration des évêques a été signée par les dignitaires ecclésiaux de pays comme l'Inde, la Birmanie, l'Ouganda et la Colombie, où des communautés pâtissent du comportement irresponsable des sociétés transnationales. De nombreux évêques européens (Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suisse) ont également apposé leur signature au bas du document, afin d’adresser un message fort à l’Europe, pour qu’elle prenne ses responsabilités.

«Nous sommes tous liés les uns aux autres et il est de notre devoir de les soutenir dans leur lutte de toutes les manières possibles» souligne Josianne Gauthier, Secrétaire générale du CIDSE. Cette déclaration rester ouverte à la signature d'autres évêques. Deux cardinaux ont pour l'instant signé ce texte: le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Comece, et le cardinal Joseph Bo, l'archevêque de Rangoun en Birmanie. 

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06 juillet 2020, 15:00