Mgr d’Ornellas: «La bioéthique a besoin d’une salutaire prise de conscience»
Dans une conférence de presse virtuelle donnée ce lundi 20 juillet, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du groupe bioéthique de la CEF, a expliqué les enjeux et les dangers du projet de loi, appelant à ce qu’il soit revu «à la lumière de la fraternité».
S'il en était ainsi, «il apparaîtrait alors l'effroyable injustice de la privation arbitraire d'un père ou d'une mère. Le mot "fraternité" ne figure d'ailleurs pas dans le texte du projet de loi», a d'emblée fait remarquer l’archevêque de Rennes.
«Il n’y a pas de progrès dans le projet de loi si la fraternité n'est pas le repère éthique pour mettre les techniques à leur juste place», a ensuite rappelé Mgr Pierre d’Ornellas à propos de ce «bouleversement anthropologique radical» que constitue cette révision des lois de bioéthique.
La dignité de la procréation
«Quand le curseur est davantage attentif aux plus petits, il est taxé de réactionnaire. Ce n'est pas en posant des telles étiquettes qu'on édifiera la cathédrale de la bioéthique française. Méfions-nous des étiquettes qui appauvrissent la réflexion», a également prévenu Mgr d’Ornellas, insistant sur la protection de la vie humaine et la dignité de la procréation, comme valeurs transcendantes.
Selon le président de la commission bioéthique, le pouvoir du projet parental, le devenir des embryons surnuméraires, le recours à un donneur et la notion d’anonymat, les techniques de sélection associée à la PMA et le développement induit d’un eugénisme libéral qui n’a pas conscience de lui-même, sont autant de questions qui méritent un travail pour améliorer notre «édifice bioéthique». Un travail qui n’a pas suffisamment été fait dans l’état actuel de la révision du projet de loi, relève-t-il, avant de vilipender la «toute-puissance du projet parental».
Ne pas tout conditionner au projet parental
«Le projet parental est également questionnable car il n'a pas été confronté à la valeur éthique de la fraternité. Il donne aux adultes une puissance sur celui qui est destiné à naître. Il est un abus de pouvoir. Une même dignité doit être reconnue entre tous les membres d'une fraterie, entre les adultes et les enfants», a ajouté Mgr d’Ornellas.
L’archevêque de Rennes et tout le groupe bioéthique de l’épiscopat français ont ensuite fait paraitre dans la foulée une tribune «La bioéthique du monde d’après». Dans ce texte, les évêques de France soulignent «les consensus écologiques pour un monde nouveau, celui de la sobriété heureuse et du partage solidaire».
La bioéthique, inséparable du consensus écologique
Or, la bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition, selon eux. «Aujourd’hui, elle est tentée de valider les succès technologiques et le court-terme des profits du marché. Le projet de loi, dans son actuel mouture, semble s’y enfermer sans avoir conscience que l’être humain en est blessé. Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous ! Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile ! La bioéthique aussi a besoin d’une salutaire prise de conscience !»
Et les évêques de France d’affirmer: «Le corps n’est pas un matériau manipulable selon tout désir. Les liens humains fondamentaux ne sont pas configurables à volonté, fût-ce celle d’une majorité parlementaire».
Par sa filiation, observent-ils, chacun entre dans l’histoire d’autant plus serein qu’il aura été pleinement respecté dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux, dès sa conception.
«Comment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits ? N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre?»
Une conscience renouvelée de l’éthique
A l’inverse, «fraternité» et «gratuité» permettent d’édifier la société inclusive désirée par tous: «accueillir les différences et les fragilités, non comme des problèmes à éradiquer mais comme des sources d’humanité plus grande». «Sans une conscience renouvelée de l’éthique, le plus fragile sera soumis à la loi du plus fort, et le progrès escompté deviendra régression. Il en va du sens de l’histoire et de notre responsabilité collective !», en conclut l’épiscopat français.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici