Terre Sainte: le manque de pèlerins n'éteint pas l'espérance
Federico Piana- Cité du Vatican
«Les pèlerinages en Terre Sainte sont presque complètement à l’arrêt». L'archevêque italien, administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, explique avec douleur que l'urgence provoquée par la pandémie de Covid-19 continue de rendre impossible l'arrivée des pèlerins : «d'abord parce que les frontières sont encore fermées. La plupart des pays avec lesquels il existe encore des relations exigent une quarantaine, ce qui décourage naturellement les pèlerins. À cela s'ajoute le fait que depuis la semaine dernière, en Israël et en Palestine, il y a une deuxième vague de très forte contagion qui suscite une grande peur».
Le virus n'efface pas la prière
De nombreux prêtres sont encore obligés de diffuser en ligne les célébrations liturgiques et de ne rencontrer les fidèles que par le biais des réseaux sociaux, et cela met la foi à rude épreuve dans les Lieux saints. «Nous sommes en Orient et ici, il y a une Église traditionnelle - dans le beau sens du terme - où la participation à la liturgie est très sincère. Un des problèmes actuels des familles est celui de ne pas pouvoir participer, ou de participer de façon limitée, aux liturgies: pour surmonter les difficultés, nos curés se sont équipés pour proposer des formes alternatives concrètes de prière, pour former les chefs de famille, afin qu'ils puissent apporter la communion à leurs parents quand le prêtre ne peut pas s'y rendre. Sans aucun doute, la prière est un soutien humain et spirituel absolument nécessaire», explique Mgr Pizzaballa.
De nouveaux prêtres pour la Terre Sainte : un signe d'espérance
La prière devient aussi un signe tangible d'espérance. Car, selon la pensée de l’archevêque, «se tenir devant le Seigneur pour une prière d'intercession, en ce moment, est le pain dont nous avons extrêmement besoin, en plus de notre pain quotidien. Nous sommes sur la terre où Jésus est ressuscité et c'est nous qui devons préserver la vision pascale de la vie, faite de croix mais aussi de résurrection». Autre signe d’optimisme pour l’avenir: en Terre Sainte, onze prêtres et dix-huit diacres ont été ordonnés. «Malgré toutes les difficultés et malgré toutes les divisions, même politiques, le Seigneur nous bénit avec des vocations et pour tout cela nous le remercions».
L'Église aux côtés des souffrants
La dureté du coronavirus a frappé au cœur des milliers de familles en Terre Sainte, qui depuis plusieurs mois se retrouvent sans travail, surtout dans les régions les plus pauvres comme la Palestine et la Jordanie. Face à une situation délicate, l’Église a mis en place un mécanisme lui permettant de répondre concrètement aux besoins de la population : «nous le faisons grâce au soutien de nombreuses institutions. Je pense en particulier aux Chevaliers de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Avec eux, nous avons ouvert des points d'urgence, en particulier dans la région de Bethléem, dans le nord de la Palestine et à Jérusalem-Est, ainsi qu'en Jordanie, bien sûr. Les points d'urgence servent à apporter une aide aux familles qui se sont retrouvées sans rien et se retrouvent proches du seuil de pauvreté. Nous avons mis en place un soutien alimentaire, scolaire et sanitaire. C'est le mieux que nous puissions faire en ce moment historique », détaille Mgr Pizzaballa.
L'avenir proche
«Pendant environ un an, nous vivrons comme nous vivons maintenant. Nous sommes donc conscients que les pèlerinages ne seront plus aussi nombreux qu'avant: les voyages seront plus compliqués, même la période post-covid nous obligera à avoir des attentions que nous n’avions pas jusqu’à présent. En bref, le pèlerinage devra s'adapter à de nouvelles situations avec des formes, des modalités et des itinéraires différents. Mais en même temps, en Terre Sainte, le pèlerinage aura toujours la caractéristique fondamentale de la rencontre avec Jésus dans ses lieux. Cela ne changera jamais».
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