En France, l’Église appelle à se mobiliser pour soutenir le Liban
Cyprien Viet - Cité du Vatican
La tragédie survenue mardi dans le port de Beyrouth a suscité un très large écho en France, où les médias se penchent massivement sur ce drame en tant que tel et, plus largement, sur la crise à la fois institutionnelle, économique et sociale qui frappe le Liban depuis près d’un an. Hier, jeudi 6 août, la visite du président Macron a été fortement suivie des deux côtés de la Méditerranée et elle a été perçue positivement par de nombreux Libanais, même si des polémiques ont émergé sur le risque d’ingérence ou de mise sous tutelle du Liban, en référence au protectorat français qui avait existé de 1920 à 1943 sous le mandat de la Société des Nations.
Mais au-delà de ces réserves, en ce temps d’urgence, la diaspora libanaise en France mais aussi de nombreux acteurs de l’Église, évêques, prêtres, laïcs et communautés religieuses ont exprimé leur souhait d’aider Beyrouth à panser ses plaies et à se reconstruire. Le réseau maronite est particulièrement structuré en France, à travers de nombreuses associations, regroupant notamment d'anciens élèves des écoles chrétiennes du Liban. Dans le panorama des communautés chrétiennes orientales installées en France, les maronites disposent de leur propre juridiction, l’éparchie de Notre-Dame-du-Liban de Paris des Maronites de France, qui compte 13 prêtres incardinés. Son évêque est Mgr Maroun Nasser Gemayel, qui est en même temps visiteur apostolique des Maronites pour l’Europe septentrionale et occidentale.
La solidarité des évêques de France
Dans un texte adressé au nom de la Conférence des évêques de France au patriarche maronite, le père Thierry Magnin, secrétaire général de la CEF, a adressé un «message de solidarité profonde avec le peuple libanais, meurtri par les explosions récentes de Beyrouth et par bien d’autres difficultés», a-t-il écrit en faisant allusion aux difficultés économiques qui, avant même la catastrophe de mardi, avaient fait plonger une grande partie de la population libanaise dans la pauvreté. «À travers les liens étroits qui unissent la France et le Liban, nous prions avec vous, pour vous et pour toute l’Église maronite dont vous êtes le patriarche», a ajouté le père Magnin.
L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a lui aussi réagi à ce «drame effroyable qui a frappé la ville de Beyrouth» en écrivant au cardinal Rai. «Je tiens à vous exprimer ma proximité tandis que le Liban connaît de nombreuses souffrances. Je prie pour les personnes décédées, et aussi pour les familles affligées», écrit Mgr Aupetit. «Vous savez l’amitié de la France pour le Liban, et surtout les sentiments fraternels des catholiques de mon pays pour les fidèles de votre Église. Les communautés chrétiennes de Paris auront à cœur de prier pour le Liban lors des messes de ce dimanche», ajoute l’archevêque de la capitale française.
«Nous étions déjà attentifs aux besoins de vos écoles ; nous serons soucieux d’apporter de l’aide aux habitants de Beyrouth à travers nos associations. L’espérance qui accompagne notre foi doit continuer à inspirer le peuple du Liban, tant votre pays est important pour la paix dans la région», conclut l’archevêque de Paris en assurant le patriarche maronite de son «amitié spirituelle».
Appels aux dons de l’AED et de l’Œuvre d’Orient
De nombreux appels aux dons ont été lancés, notamment par L’Œuvre d’Orient, qui en plus de son travail régulier de levée de fonds au service des institutions chrétiennes et notamment des écoles francophones du Liban, a ouvert une collecte spécifique sous le nom "Urgence Beyrouth".
La Fondation Aide à l’Église en Détresse a également lancé un appel aux dons, en annonçant dans l’immédiat la mobilisation d’une aide d’urgence de 250 000 euros. Les quartiers chrétiens ont été en effet particulièrement touchés, et dix églises sont gravement endommagées. Une religieuse des Filles de la Charité a perdu la vie, et l’archevêque maronite de Beyrouth a lui-même été blessé.
L’Église catholique au Canada, pays qui compte lui aussi une forte diaspora libanaise, a lancé également un appel aux dons à travers la CNEWA, Association catholique d’aide à l’Orient.
Pour sa part, la Conférence des évêques d'Italie (la CEI) a annoncé la mobilisation d'un million d'euros pour le Liban, dans le cadre du "8 pour 1000", c'est-à-dire les ressources liées à la part de l'impôt sur le revenu collecté au bénéfice des Églises. Cette somme sera transmise à Caritas Liban avec un étalement tout au long des 12 prochains mois, via l'antenne italienne de Caritas, afin de soutenir des projets de reconstruction et d'assistance aux personnes les plus démunies, en s'appuyant directement sur le volontariat local.
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