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L'Église célèbre ce mardi sainte Claire d'Assise L'Église célèbre ce mardi sainte Claire d'Assise 

Les enseignements de Claire d’Assise en ces temps de pandémie

Ce mardi 11 août, l’Eglise fête sainte Claire qui vécut au XIIIe siècle une pauvreté radicale à la suite de saint François et fut canonisée seulement deux ans après sa mort. En sa solennité, le Ministre général des Frères mineurs a écrit aux Clarisses afin que les religieuses cloîtrées «en solidarité avec l’humanité souffrante» aident les fidèles dans la prière. Témoignage d’une religieuse du couvent de la Città delle Pieve en Ombrie.

Entretien réalisé par Tiziana Campisi - Cité du Vatican

Née en 1193, Claire quitte sa riche famille membre de l’aristocratie italienne afin de suivre l’exemple de François d’Assise. Elle se surnomme elle-même «la petite plante de saint François» et formule le vœu de suivre les enseignements de l'Évangile dans l'obéissance, la pauvreté et la chasteté. Son souhait se réalise au couvent de Saint-Damien où elle s’établit avec ses sœurs, et dont elle rédige la règle, la première écrite par une femme.

A l’époque, saint François leur adressait «de nombreuses exhortations» pour les stimuler ; ce que fait à son tour aujourd’hui le Ministre général des Frères mineurs. Il a envoyé ce mardi un message intitulé «Le Seigneur ne nous sauve pas de l'histoire mais dans l'histoire» aux filles de sainte Claire, les Clarisses.

Dans cette lettre, le frère Michael Perry évoque l’exemplarité de celle qui fut la première à faire siens les choix de saint François. Il invite les sœurs cloîtrées à regarder avec espérance le monde d’aujourd’hui en proie à une crise sanitaire.

«La vie cloîtrée est un petit champ de bataille au cœur de la planète, où vous ne nous enseignez pas la fuga mundi» mais «à vivre dans les profondeurs de l'espace, à entrer dans la couleur des différentes heures du jour et dans le Kairos de Dieu, en alternant paroles et silence pour construire des relations de communion avec l'aide de l'Esprit Saint», écrit le Ministre général des Frères mineurs qui souligne que Dieu «ne nous sauve pas de la Covid-19, mais face à la Covid-19 ; il ne nous sauve pas de la solitude, mais dans la solitude ; il ne nous sauve pas de la peur, mais de nos peurs».

La pandémie dans les monastères

Le frère Michael Perry sait comment les communautés monastiques ont traversé les mois les plus difficiles de la pandémie : des religieux qui se sont sentis consolés en «suivant avec de petites radios les liturgies présidées par le Pape François», en écoutant «ses homélies qui sont devenues la base d'une forme de vie réduite à ses éléments essentiels».

Il rappelle comment sainte Claire encourageait elle-même celles qui l'avaient suivie : «Mes sœurs et mes filles, ne craignez rien, si Dieu est avec nous, les ennemis ne pourront nous offenser. Faites confiance à notre Seigneur Jésus-Christ, parce qu'il nous délivrera». Des mots que sainte Claire semble répéter encore aujourd'hui.

L’angoisse du lendemain est parvenue jusque dans les monastères, et pourtant au moins l’un d’entre eux en dépit des difficultés financières dues au confinement «a généreusement répondu aux appels des pauvres à leur porte» rapporte le frère Perry qui se félicite également de contributions versées par des bienfaiteurs.

Source de renouvellement

«Plus que jamais, nous sommes invités à nous confier à la Providence», a exhorté le Ministre général des Frères mineurs, «jusqu'à présent le Seigneur ne nous a pas abandonnés et Il ne nous abandonnera pas».

Le frère Perry invite les religieuses à «vivre dans la simplicité, en évitant tout gaspillage ; vivre dans la solidarité et faire de notre mieux pour faire le bien que nous pouvons faire». Pour le frère Perry, ce qui se passe peut aussi être «une opportunité de construire un nouveau monde basé non plus sur le paradigme de la mondialisation, au niveau commercial ou culturel, mais sur un retour au local, à la famille, au régional». Il attend des Clarisses qu’elles aident chacun «à oser être nouveaux après cette crise», leurs couvents sont «des réserves de paix, de sérénité, d'espoir et de compassion pour ceux qui sont au premier rang de la bataille».

Un parfum de compassion

Enfin, le Ministre général des Frères mineurs exhorte les Clarisses à garder «leur regard fixé sur le Pauvre Crucifié». Il espère «que la compassion, que vous pouvez manifester comme du cœur d'une mère, devienne un parfum capable de consoler tant de personnes affligées et malades, de soutenir un personnel soignant aussi généreux et dévoué, d'encourager les familles et d'enflammer le cœur des jeunes que le Seigneur appelle à le suivre».

Frère Perry conclut sa lettre en considérant que le coronavirus «nous a appris que nous sommes tous dans le même bateau» puisque que le virus attaque «indistinctement les riches et les pauvres, les puissants et les petits, les justes et les pécheurs». Il demande aux religieuses «en solidarité avec l'humanité souffrante», d’aider les baptisés «à persévérer dans la prière pour espérer contre toute espérance».

Témoignage de Soeur Clare Ester Mattio

Aujourd'hui, depuis leur cloître, les Clarisses continuent à diffuser la spiritualité de sainte Claire que l’Église fête ce mardi. Elles s’efforcent d’offrir une lecture du présent à la lumière de sa pensée. Sœur Clare Ester Mattio vit dans le monastère ombrien de Santa Lucia, à Città della Pieve, où est publié un magazine bimensuel "Forma Sororum" qui se veut aussi un instrument de formation et de spiritualité chrétienne et clarienne pour tous . Elle explique à Vatican News comment vivre la période actuelle selon les enseignements sainte Claire.

«Le regard de Claire est un regard qui est centré sur le Seigneur et donc un regard évangélique, un regard qui voit la réalité en profondeur. Il est contemplatif ce qui ne signifie pas abstrait ou distrait, il voit au plus profond du cœur de l'homme. L'expérience de Claire est avant tout une expérience profondément humaine, dans laquelle s'est insérée l'expérience du Seigneur. Par conséquent, en regardant la réalité d'aujourd'hui - notre monde qui a été si profondément touché par l'expérience de la fragilité, de la douleur, de la souffrance, l'expérience de Claire peut certainement en dire long, car elle a passé la majeure partie de sa vie monastique à l'infirmerie, éprouvée par la maladie. Cela ne l'a pas empêchée cependant d'être profondément présente et lui a en même temps donné la conscience de ce que nous sommes : des créatures fragiles. C'est un peu comme l'expérience que nous avons eue avec la pandémie, une fragilité qui nous est tombée dessus et dont nous n'étions peut-être pas pleinement conscients. Claire a vécu la même chose d'une manière différente, en se remettant entièrement dans les bras du Père, ses derniers mots ont été : «Béni sois-tu Seigneur qui m'a créée».

Donc, c’est le regard d’une fille qui regarde vers le Père et accueille tout ce que le Père envoie. Peut-être que l'expérience que nous avons vécue dans cette période qui nous a un peu isolés, nous a aussi fait comprendre que nous avons besoin les uns des autres. La solidarité, le partage, sont des valeurs qui, je pense, ont manqué à tout le monde ou ont été redécouvertes.

L'autre aspect, lorsque l’on vit avec Dieu -partie essentielle de notre charisme-, est précisément celui de la fraternité, une vie fraternelle où nous sommes toutes sœurs, des égales: nous nous aidons les unes les autres, nous partageons les efforts, les joies d'une vie quotidienne très, très simple. Et Claire, et bien, elle se sentait profondément comme une fille du Père et elle a découvert qu’elle pouvait tout partager avec ses sœurs, même les fardeaux de la vie et la souffrance. Elle avait besoin des sœurs, et cela s'est ensuite répandu dans le monde extérieur, à toutes les personnes qui se sont tournées vers elle et pour lesquelles elle a prié, intercédé. Aujourd'hui, elle continue à le faire depuis le Ciel et nous, qui sommes ses filles, nous le faisons. Nous offrons des espaces d'écoute, d'accueil, et c’est ce que nous avons fait ces jours-ci. Parfois, il ne s'agit pas simplement de répondre à des besoins matériels, qui sont là, mais il y a un besoin profond, une question de sens, de beauté, un désir d'être écouté, d'être regardé en profondeur en tant que personne».

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11 août 2020, 16:20