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Vue du lagon de l'Ile Maurice touché par la marée noire, le 11 août 2020. Vue du lagon de l'Ile Maurice touché par la marée noire, le 11 août 2020. 

À Maurice, «la vie des pêcheurs est complètement bouleversée»

A la suite de la prière de l’Angélus, le Saint Père, évoquant la 6e Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création et le Jubilé de la terre, a tenu à montrer sa proximité aux Mauriciens, touchés par une terrible marée noire depuis le naufrage d’un navire le 25 juillet, dont les conséquences se font toujours ressentir.

Plus d’un mois après le naufrage du vraquier japonais, les conséquences sur l’Île Maurice sont dramatiques, nous explique le cardinal Maurice Piat, évêque du diocèse de Port-Louis, la capitale. «La vie des pêcheurs qui habitant la côte est complètement bouleversée, car toute leur vie se passe sur la mer. Et puis la vie des gens qui habitent sur l’île est également bouleversée, car il y a une odeur nauséabonde qui les incommode». À Maurice, l’océan et le lagon sont en effet essentiels à la vie et au fonctionnement de l’île.

La pêche fait survivre directement des dizaines de milliers de personnes et au cours de ces dernières années, l’île s’est imposée comme une destination touristique par excellence, un secteur déjà mis à mal par la pandémie. «Les activités comme la pêche ou le tourisme reprendront, mais les personnes parlent de 4 à 5 ans d’attente pour que le lagon puisse se régénérer», déplore le cardinal Piat. 

Certaines personnes sont en colère, ajoute le cardinal. Elles étaient en effet entre 40 000 et 75 000 selon les estimations dans les rues de Port-Louis samedi 29 août, pour manifester contre la gestion de la marée noire faite par le gouvernement. Sur l’île, une manifestation d’une telle ampleur n’avait été vue depuis 40 ans. 

Appel au respect de la terre 

Avant de drame de la marée noire, le diocèse de Port-Louis avait mis en place de nombreuses initiatives pour limiter les usages en plastiques de chacun, favoriser l’agriculture biologique ainsi que des interventions dans les écoles pour sensibiliser à la protection de l’environnement. 

Touché par la catastrophe, le cardinal mauricien reprend à son compte les mots du Pape François, «écoutons le cri de la terre et le cri des pauvres». Ici, «notre lagon, notre terre, notre mer, ont poussé un cri lorsqu’il y a eu cette marée noire qui a abîmé une grande partie de notre lagon», soupire le cardinal Piat, ajoutant que la marée noire a permis, d’une manière très éprouvante, de se rendre compte «des dégâts que peuvent apporter des négligences par rapport au respect de la Création. Nous faisons donc un grand appel, pour que où que nous soyons, nous changions non seulement notre manière d’agir, mais également celle de penser et d’être attentif à ce grand don de Dieu qu’est notre maison commune.  ».  

Entretien avec le cardinal Piat

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30 août 2020, 18:22