Le sanctuaire de Notre-Dame d’Aparecida face au coronavirus
Federico Piana- Cité du Vatican
La basilique de Notre-Dame d'Aparecida se dresse majestueusement dans la petite ville homonyme, située dans l'État de São Paulo, au Brésil. Le sanctuaire, consacré à la sainte patronne du pays, est l’un des les plus visités au monde, selon les dernières données enregistrées avant la crise sanitaire : 13 millions de pèlerins des cinq continents s'y rendaient chaque année ; en un seul week-end, ils étaient plus de 200 000.
Mais avec l'arrivée de la pandémie, les choses ont changé. Les pèlerinages ont cessé, de nombreux habitants n'entrent plus dans la basilique par peur de la foule et ces chiffres impressionnants appartiennent à un passé qui semble aujourd’hui très lointain. «Aujourd'hui, tout est devenu désert, admet le père José Ulysses da Silva, porte-parole du sanctuaire. Nous ne pouvons plus permettre l'arrivée de pèlerinages organisés. Aujourd'hui, avec la réouverture des lieux et le respect des règles sanitaires, nous pouvons accueillir au maximum un millier de pèlerins par jour. Un nombre vraiment symbolique, de simple représentation». Mais alors que les pèlerins ont déserté le sanctuaire, de nombreuses familles locales ont redécouvert la prière et la participation aux sacrements. Une véritable grâce en ces temps d'incertitude et de peur.
Les grands pèlerinages substitués par les réseaux sociaux
La reprise des grands pèlerinages devra attendre longtemps, peut-être ne sera-t-elle possible que lorsqu'un vaccin efficace sera trouvé. En attendant, pour répondre aux besoins spirituels des fidèles, les moyens de communication du sanctuaire seront utilisés, ce qui pendant le confinement s'est avéré vraiment utile, presque essentiel : «pendant le confinement, détaille le père da Silva, les célébrations ont été diffusées sur notre chaine de télévision, notre radio et nos réseaux sociaux ; la participation de la population a augmenté de façon spectaculaire. À ce moment-là, pour permettre à tout le monde de participer, nous avons multiplié les messes». La fête de la Vierge d'Aparecida, qui sera célébrée le 12 octobre prochain, se déroulera elle aussi de manière virtuelle, bien qu'une petite participation physique au sanctuaire soit autorisée.
Malgré une situation extrêmement difficile, la prière ne s'est jamais éteinte. «Au contraire, atteste le père da Silva, elle a grandi. Les gens ressentent la présence vivante de la Vierge. Notre-Dame d'Aparecida a toujours été considérée comme la Vierge des pauvres, des noirs, des personnes terrassées par les difficultés de la vie. Personne n'a jamais pensé que la pandémie était une punition divine. Les gens viennent au sanctuaire pour remercier la Vierge et lui témoigner leur confiance». Cette immense confiance se concrétise par l’envoi, chaque jour, de centaines d'intentions de prière au sanctuaire, même par téléphone.
La petite économie du sanctuaire en danger
La propagation du virus est en train de modifier lentement la dimension sociale et économique du sanctuaire et de la municipalité qui l'accueille. L’arrêt des pèlerinages signifie la perte de revenus importants pour des familles entières dont la survie est liée à des activités aujourd'hui en pleine crise : de l'hôtellerie aux transports, des restaurants aux simples boutiques de souvenirs. Le sanctuaire emploie à lui seul plus de 2 000 personnes, dont un tiers a été licencié : «nous ne pouvions pas faire autrement, commente le porte-parole. Nous avons perdu les offrandes des pèlerins et nos magasins internes sont fermés. C’est un drame pour de nombreuses familles qui ne vivent que de cela».
Heureusement, les dévots de la Vierge ont été mobilisés dans le monde entier pour soutenir le sanctuaire grâce à leurs dons modestes mais fréquents. «Dieu merci, ils sont restés très fidèles et nous aident. Ce sont eux qui nous permettent de maintenir la radio et la télévision et de soutenir les collaborateurs. Sans ce grand engagement, nous ne pourrions rien faire», affirme José Ulysses da Silva, qui ne perd pas espoir. Car si l'organisation et la structure du sanctuaire ont dû nécessairement se plier à l'évolution des besoins sanitaires, ce n'est pas en raison de son essence intime, à laquelle il est resté pleinement fidèle.
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