"Fratelli tutti", une encyclique au rayonnement universel
Marine Henriot - Cité du Vatican
«C’est une voix prophétique, pas seulement pour les chrétiens», résume d’emblée depuis Bagdad le cardinal Louis Sako, Patriarche de l’Eglise chaldéenne. La voix du Pape lance un cri «pour un réveil spirituel et humain», estime-t-il, «et j’espère que ce n’est pas dans le désert mais dans le coeur des hommes». Un appel de François qui, pas inédit mais indispensable en cette période, «nous dit que nous sommes tous frères».
La fraternité est une notion fondamentale, abonde le père Daniel Nourissat, depuis Rabat au Maroc, où le Saint-Père s’était rendu en mars 2019. Il y a urgence à redécouvrir la fraternité, nous explique le curé de la cathédrale Saint-Pierre de la capitale marocaine. Tous les dimanches à l’écoute de ses paroissiens, le père Nourissat se réjouit et accueille «avec bonheur et intérêt» Fratelli tutti, car «il est important que l’Église soit servante d’une fraternité entre les personnes». «J’aime que le Pape nous aide à découvrir que ce que nous appelons "Église" s’est d’abord appelé "fraternité"», explique le prêtre.
Des pistes concrètes
Sur le site internet de la Conférence des Évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort salue un «grand texte dans la doctrine sociale de l’Église». «Il met sous les yeux de chacun les lieux où chacun risque de manquer à la fraternité. Tout le monde peut faire son examen de conscience : chaque personne, les entreprises, les familles, les États…». Effectivement, dans Fratelli tutti, François énumère, puis apporte des solutions.
Ainsi, le Pape montre l’urgence de nouvelles relations humaines et sociales et donne des clefs aux évêques et aux chrétiens du monde entier pour rebâtir ses relations. «Le Pape nous invite à changer radicalement les grands équilibres de la planète», nous détaille depuis Bruxelles le père Tommy Scholtes, qui salue des prises de positions fortes sur les plans politique et économique. Mais pour qu’elle porte ses fruits, les évêques vont mettre en place «un travail pour que la base, les citoyens, entendent cette encyclique», détaille le porte-parole de la Conférence épiscopale belge. «L’encyclique parle aux chrétiens de manière magnifique, mais pour que la parole soit entendue plus loin, cela va dépendre de comment les chrétiens en parlent», précise-t-il.
Rayonner au-delà du monde chrétien
La diffusion de cette encyclique est indispensable au-delà du monde chrétien, appuie le cardinal Louis Sako, qui veut la faire connaître à tous ses interlocuteurs politiques et religieux en Irak. «Dès que j’aurai la traduction en arabe, je la donnerai aux autorités musulmanes, chiites et sunnites, et aux responsables politiques».
De l’autre côté de la Méditerranée, c’est également le son de cloche du père Nourissat. «Ici nous cherchons à nouer relations avec les personnes musulmanes, mais aussi avec les personnes que l’Europe ne veut pas, qu’on appelle les personnes migrantes, qui nous disent leur détresse», car c’est cela finalement l’esprit de Fratelli tutti, «iI y 5 ans Pape François nous a invité à construire une maison commune, il nous indique maintenant comment l'habiter en fraternité». Au-delà des croyances de chacun, l’encyclique parle à tous les coeurs et esprits ouverts à la valeur sacrée de la relation humaine.
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