La mission en banlieue: apprendre l’humilité et l’écoute
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
La mission commence au pied de chez soi. Les Fils de la Charité, fondés en 1920 par le père Anizan pour évangéliser les milieux populaires dans les banlieues françaises, poursuivent encore aujourd’hui leur mission originelle. S’ils sont présents partout dans le monde, ils sont restés en France, notamment dans la banlieue parisienne, comme à Saint-Ouen, commune du département de Seine-Saint-Denis, le plus pauvre de France. D’un côté Paris et ses lumières, de l’autre, sa périphérie où se côtoient Français et immigrés, catholiques, musulmans, juifs, évangéliques, ou les indifférents.
Le père Benjamin Vergniaud, 38 ans, y est prêtre depuis huit ans. Il y exerce bien sûr sa mission sacramentelle, premier vecteur de sa mission. Mais il évoque une autre dimension: «accueillir les gens tels qu’ils sont» pour faire passer son message. «C’est la première chose que l’on apprend quand on vient dans ces quartiers-là». Il faut donc «avoir la patience et l’humilité d’entendre les gens qui sont ici et qui vivent déjà quelque chose de Dieu même avant que nous arrivions».
Une leçon pour l’Église
Ce qui frappe le missionnaire, c’est la joie de sa communauté, notamment celle issue de l’immigration, heureuse de croire en Dieu. Joie d’autant plus perçue que l’environnement social et économique dans ce territoire n’est pas facile tous les jours.
Cette expérience de terrain dans un territoire à évangéliser peut être une source d’enseignement pour l’ensemble de l’Église de France. «Il faut apprendre à être aujourd’hui une Église qui peut-être, arrête de parler d’en haut», «comme si elle avait toutes les solutions aux problèmes», estime ce fils de la Charité. Cette Église devrait aussi peut-être, poursuit-il, «retourner vers une base qui a des choses à dire, à exprimer», et éviter d’être trop moralisante.
Pour lui, il faudrait repartir «de la parole des gens, des plus pauvres, des plus simples qui sont, finalement, la base de l’Église». La première leçon, ce serait donc selon le prêtre de Saint-Ouen, «l’humilité et la simplicité» et d’entendre «la clameur, les cris de ce peuple qui est parfois loin de l’Église mais qui a quelque de chose de Dieu à nous apprendre».
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