Les Syriens en manque d’espoir, déplorent les cisterciennes d’Azeir
Maria Cecilia Mutual et Benedetta Capelli - Cité du Vatican
Dans ce pays ravagé par près de dix ans de guerre, un petit groupe de religieuses se consacre à la vie monastique et à la prière, un témoignage de la présence de Dieu même parmi les décombres syriens. Les religieuses trappistes ont rejoint la Syrie bien avant la guerre, en mars 2005, en provenance du monastère de Valserena, dans la province italienne de Pise, avec le souhait de poursuivre l’héritage des moines de Tibhirine tués en 1996 en Algérie. Une mort violente qu’il leur fallait guérir par la prière ; une vie en Christ dans un pays habité par des frères de différentes confession. Elles se sont installées dans un premier temps à Alep, avant de rejoindre, trois mois avant le début de la guerre, le village maronite d’Azeir situé au sommet d’une colline entre les villes de Tartoum et de Homs, non loin de la frontière libanaise.
Un peuple en souffrance
Résilience
Les sœurs affirment être «saisies» par les «capacités d’endurance et de résilience» des Syriens, par «la force virale» dont ils ont fait preuve au cours de ces dernières années. Mais Sœur Marta ne sait pas combien de temps cela va durer «parce que le moment que nous traversons est presque plus dur que les années du conflit lui-même». L’espoir qu’un jour la guerre se terminerait semble s’éloigner. Ces deux dernières années, la situation semble précisément marquée par le manque d'espoir, note-t-elle : «Il est de plus en plus difficile pour nos jeunes d'espérer, dans certaines zones nous ne voyons toujours pas de réelle possibilité de travail, et ainsi de conduire sa vie dans des conditions sûres et dignes pour les gens».
La proximité des religieuses
Les religieuses accompagnent de leur mieux les Syriens des environs. Sœur Marta évoque leur proximité avec les gens, qui se traduit non seulement par la prière mais aussi par des gestes concrets. Elles aident les gens à réparer leurs maisons endommagées par la guerre, les malades à avoir accès à des traitements ou les travailleurs à acheter du carburant. Elles soutiennent également les jeunes dans leurs études en assurant, par exemple, le paiement des moyens pour aller à l’université.
Enfin, sœur Marta témoigne de la fraternité qui unit les chrétiens et les musulmans. Il s’agit de «quelque chose de quotidien et de naturel» explique-t-elle. «La Syrie n'est pas un pays de grands débats théologiques. Nous vivons ensemble dans un respect qui découle avant tout d'un fait : que nous tous, chrétiens, musulmans et autres, nous conduisons notre vie devant Dieu, nous sentons sa présence dans la vie. Et cela nous permet d'être ensemble, de vivre ensemble, une véritable attitude de vie que nous recevons de Dieu et qui retournera à Dieu».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici