Le père Cantalamessa : le cardinalat, un signe pour bâtir des ponts de dialogue
Benedetta Capelli - Cité du Vatican
Depuis 40 ans, le père Raniero Cantalamessa prêche aux Papes durant les temps liturgiques de l’Avent et du Carême. Avec un visage rassurant, une voix apaisante et la simplicité de celui qui connait bien les Saintes Écritures, il explique et éclaire l’amour de Dieu pour les hommes. C’est le 23 juin 1980 que le saint Pape Jean-Paul II le choisit comme prédicateur de la Maison pontificale ; pendant 15 ans, il est aussi présentateur d’une émission de télévision, Les Raisons de l’Espérance, dans laquelle il raconte l’Évangile.
De nombreux signes émaillent l’histoire du frère capucin, ordonné prêtre en 1958 et diplômé en théologie à Fribourg. Il y a d’abord la fondation en 1969, avec Giuseppe Lazzati, du département des sciences religieuses de l'Université catholique de Milan. Vient ensuite la rencontre avec le Renouveau dans l'Esprit, la plus grande grâce de sa vie, a expliqué à plusieurs reprises le père Cantalamessa, qui s'est également déversée sur le chemin de l'unité des chrétiens dans lequel il s'est toujours engagé. L'estime que lui portent les frères de différentes confessions en témoigne : en 2015, par exemple, il prêche lors du Synode général de l'Église anglicane en présence de la reine Elizabeth, à l'abbaye de Westminster.
Et dimanche, son nom est cité par le Pape François, qui l’élèvera donc au cardinalat. C’est une surprise pour celui qui habite depuis des années dans l'Ermitage de l'Amour Miséricordieux de Cittaducale, dans la province de Rieti, en rendant service à une petite communauté de religieuses cloîtrées. Voici son témoignage :
«Il est évident que, plus qu'une reconnaissance de la personne, c'est une reconnaissance de la Parole de Dieu, c'est aussi plus de mérite pour ceux qui l'écoutent que pour ceux qui la proclament. Louons le Seigneur pour cela.
Vos sermons très profonds ne sont pas seulement appréciés par le Pape mais sont également repris en boucle sur les réseaux sociaux. C'est une belle chose pour un monde qui a du mal à écouter...
Je dois dire que je suis moi-même plein d'admiration, non pas pour mes sermons, mais pour ceux qui écoutent. Car penser qu'un Pape comme Jean-Paul II, Benoît XVI et même François trouvent le temps d'écouter un pauvre frère capucin simple est un exemple qu'ils donnent à toute l'Église, un exemple d'estime pour la Parole de Dieu. Dans un certain sens, ce sont eux qui me le prêchent.
Quel sera le trait qui, selon vous, pourrait marquer ce nouvel engagement auquel vous êtes appelé ?
Je pense que je vais continuer pour l'instant, tant que le Seigneur me donne suffisamment de santé et que le Saint-Père le veut, mon activité principale, si la pandémie le permet, et si je n'ai pas d'ordres contraires, je devrais reprendre avec le prochain Avent, bientôt.
Vous avez confié votre étonnement face à la vague d’affection reçue de la part de leaders de différentes confessions religieuses…
C'est vrai, j'ai reçu de nombreux courriels et aussi de quelques amis juifs. J'étais très heureux car l'une de mes passions a été de favoriser l'unité, c'est-à-dire le dialogue, en particulier l'unité entre les chrétiens. En une occasion comme celle-ci, voir cette réponse est un signe de rapprochement qui ne me concerne pas personnellement mais qui est un peu un détail du grand engagement du Pape François à construire des ponts.
Y a-t-il une personne en particulier ou un moment de votre vie religieuse qui m'est venu à l'esprit lorsque vous avez entendu votre nom à l'Angélus ?
Bien sûr. Une figure qui a eu une grande importance pour moi dans ma vie est celle du père Pasquale Rywalski qui s'est retrouvé supérieur général lorsque le Seigneur m'a appelé à quitter l'enseignement universitaire pour me consacrer à la prédication. Je lui dois, ainsi qu'à son discernement, ce choix qui m'a ensuite conduit progressivement à être prédicateur de la Maison pontificale et aussi à voyager dans le monde et à faire des exercices spirituels, dont ceux de l'an dernier auprès des évêques des États-Unis. C'était mon père spirituel qui a joué un rôle particulier à ce tournant de ma vie.»
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