Recherche

Manifestation pro-vie à Buenos Aires le 4 août 2018. Manifestation pro-vie à Buenos Aires le 4 août 2018.  

Argentine: l’Église appelle à manifester contre le projet de loi sur l’avortement

Les tensions entre l’Église argentine et le gouvernement du président Alberto Fernandez s’exacerbent avant le début des débats au Congrès autour du projet de loi légalisant l’avortement, lundi 30 novembre. Il y a deux ans, les sénateurs avaient rejeté le texte.

Une réunion œcuménique et interreligieuse a lieu mercredi matin 25 novembre en la cathédrale de Buenos Aires, en présence du secrétaire aux cultes, Guillermo Oliveri. Le gouvernement péroniste a précisé que le président Alberto Fernandez n'avait pas préparé de message spécial à transmettre par son secrétaire en charge des cultes lors de cette réunion, bien que l'idée soit de donner, par sa présence, «un signe que le dialogue n'est pas rompu au milieu des tensions».

En présence des responsables de différentes confessions, catholique, protestante, évangélique et juive, l'encyclique du Pape François Fratelli Tutti sera abordée, de même que le dernier livre du Souverain pontife argentin, «Un temps pour changer», où l’avortement est sévèrement remis en cause.

Manifestation pour la vie le 28 novembre

Par ailleurs, une manifestation d’ampleur est prévue samedi 28 novembre pour protester contre le retour de ce projet de loi. La conférence épiscopale argentine «encourage avec ferveur» tous les catholiques à y participer.

«En tant que pasteurs, nous vous encourageons vivement à participer à ces expressions publiques en faveur du droit à la vie de toute personne garanti par la Constitution nationale elle-même», indique un communiqué intitulé «Pour les deux vies» [ndlr, de l’enfant et de la mère] de la Commission pour la vie, le laïcat et la famille de l’épiscopat. Les églises évangéliques prendront aussi part à cette marche pro-vie. 

Le 22 octobre dernier, la Conférence épiscopale argentine qualifiait déjà dans une note la période actuelle, de «moment inopportun et dramatique» pour discuter de pareil texte législatif, en pleine pandémie.

«Sauver deux vies» 

«Ce qui sauve des vies, les deux vies, en particulier celles des adolescentes et des femmes enceintes vulnérables, c'est l'attention, le soutien, la proximité, les moyens économiques, l'éducation, la prévention et la présence de l'État et d'autres associations civiles et religieuses dans le cadre d'une conception large et humaine de la santé publique», explique l’Église argentine, considérant que «légaliser l'avortement entrave la nécessaire amitié sociale».

«La légalisation de l'avortement dans les termes établis par le protocole ILE, serait la première fois dans notre Nation Argentine en démocratie qu'une loi prévoit la mort d'une personne pour en sauver une autre. Nous pensons que ce n'est pas la voie à suivre, nous avons la conviction inébranlable qu'en sauvant les deux vies, nous nous sauvons tous», poursuivent les évêques.

L’ILE, autrement dit au protocole d'interruption légale de grossesse mis en œuvre par le Ministère national de la santé, vise à autoriser l'avortement à 13 ans, y compris sans le consentement des parents, et à introduire de nouveaux médicaments pour l'avortement, comme la mifépristone. Le nouveau texte autorise l'avortement jusqu’à 3 mois et demi, soit 14 semaines de grossesse. Actuellement en Argentine, l'avortement n'est légal qu'en cas de viol ou lorsque la santé de la femme est en danger. 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

25 novembre 2020, 12:17