«Ma foi s’est renforcée» confie le père Maccalli, ancien otage
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Le père Pierluigi Maccalli, de la Société des missions africaines, originaire de Madignano dans la province de Crémone en Italie, a été enlevé au Niger en septembre 2018. Il a été retenu en otage pendant plus de deux ans, dans le désert nigérien et malien. Le 9 novembre dernier, un mois après sa libération, il a été reçu au Vatican par le Pape François. C’est avec émotion qu’il évoque cette rencontre. Il nous confie également avoir traversé l’épreuve de la captivité, «en communion avec toutes les victimes innocentes», trouvant un grand réconfort dans la prière mais aussi à l’écoute de Radio Vatican.
J’ai eu l’opportunité de vivre le grand silence, d’entrer dans une profondeur différente et d’appréhender la vision de ma mission et de ma vie avec un horizon différent. Dans le même temps, ce fut une expérience intérieure de communion avec toutes les victimes innocentes qui se retrouvent subitement catapultées dans une réalité inimaginable.
Être captif dans le désert, dépossédé de tout, loin de tout est une expérience humaine traumatique, est-ce également une expérience de foi ?
Tout à fait, la foi m’a soutenu. Je n’avais rien comme soutien. Moi qui suis prêtre, je n’avais ni Bible, ni bréviaire, ni messe, mais je me suis confié au Seigneur en disant: «Ce que j’ai, je te l’offre, c’est ma vie». Ma prière et l’Évangile, que je pouvais revisiter, étaient une compagnie qui me soutenait et je crois pouvoir dire aujourd’hui que c’était difficile mais ma foi s’est renforcée dans cette épreuve.
Votre foi a-t-elle été, malgré tout, ébranlée durant ces deux années de captivité ?
Il y a eu des moments de découragements. Je peux avouer, en toute vérité, que j’ai fait l’expérience de la nuit obscure, du silence de Dieu que j’ai imploré. Je pouvais crier avec Jésus: «Père, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Ps 21, 2a) mais je savais qu’Il était là.
Vous avez fait l’expérience du manque de sacrements. Y a-t-il eu des moments plus difficiles? Comment avez-vous notamment vécu la période de la Pentecôte?
Oui (il y a eu des moments plus difficiles) mais tous les dimanches, je me recueillais en prière et, le jour de la Pentecôte, il y a eu un très grand cadeau grâce à Radio Vatican. Une semaine auparavant, on nous avait remis une radio et voilà que j’entends une voix, c’était celle du Pape qui célébrait la messe de la Pentecôte. J’ai écouté l’Évangile et l’homélie du Saint-Père. Ce fut une bouffée d’oxygène. J’ai été vraiment ému de me retrouver en même temps à Saint-Pierre et en Afrique. Ce fut un moment de communion et je remercie l’Esprit Saint qui, dans un souffle, a porté les ondes de Radio Vatican jusque dans le Sahara. C’était un clin d’œil de Dieu qui me disait: «Je suis là, tu n’es pas dans l’oubli». C’était fantastique, mais tout s’est interrompu brusquement et je n’ai pu recevoir la bénédiction. J’ai relaté cet épisode au Pape, lors de notre rencontre et il m’a dit: «Ne t’inquiète pas, je vais vous donner, à toi et ta famille, ma bénédiction». Cette messe de Pentecôte s’est donc achevée lors de ma rencontre avec le Pape François ici à Rome.
Actuellement, de nombreuses personnes vivent des situations de souffrance dans le monde, en raison de conflits mais également de la pandémie de coronavirus. Certaines ont perdu l’espoir. Quel message souhaitez-vous leur transmettre ?
Le passage de Dieu, on le voit toujours dans un second temps. Moi-même, après avoir vécu cette expérience, c’est seulement maintenant que je commence à dessiner le passage de Dieu. Après la croix, il y a la Pâque ; après les moments difficiles, il y a toujours le soleil qui vient apporter de la lumière et du réconfort. Cette expérience nous enseignera peut-être d’autres valeurs, quelque chose de plus essentiel qui est aussi un trésor à découvrir. Gardons toujours l’espoir et faisons confiance à Dieu qui n’abandonne jamais ses enfants.
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